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Sous le ciel d’Alice, se trouve le Liban

30/11/2021|Emma Moschkowitz

A la fin des années 1950, Alice (jouée par Alba Rohrwacher) quitte sa Suisse natale pour aller travailler comme fille-au-pair au Liban, dont elle ne connaît rien. C’est dans un café beyrouthin qu’elle rencontre Joseph (interprété par Wajdi Mouawad), un jeune universitaire astrophysicien aussi poétique qu’ambitieux. L’idylle s’installe, Alice rencontre l'exubérante et solaire famille de Joseph par qui elle est adorée, ils se marient, ont une fille, le temps est à la délectation et aux bonheurs partagés. Mais, alors que, le 13 avril 1975, une fusillade marque le début de la guerre civile, les cartes sont redistribuées et l'équilibre microcosmique de la famille se voit mis à l’épreuve par un conflit menaçant qui divise.

 

L’ambiance est nourrie par la patine très 70's du Super 16, les décors en carte postale et l’agrémentation d’animations en stop-motion. Les procédés empruntent à la fois au cinéma muet, à la bande-dessinée, mais aussi à la danse et au théâtre. Le Cèdre écartelé, la ligne verte conjugale, la chaise musicale gouvernementale, la mise en scène ne tarit pas d’ingéniosité pour dépeindre une situation nationale tragique qui en devient absurdement grotesque.

Aux affres de l’Histoire sont préférées des saynètes burlesques, métaphoriques, évocatrices d’un imaginaire particulier et naïf qui pourtant est sans équivoque. Le jeu pudique et minimaliste de l’actrice principale, même au plus fort de la guerre et alors que le reste de la famille semble être pris dans la tourmente, accentue l’impression de subjectivité du récit, comme si l’on était invités à entrer dans le monde intérieur d’Alice, son pays des merveilles, désormais rattrapé par une réalité qui la dépasse et la submerge, la guerre. Le spectateur est ainsi plongé dans les souvenirs de celle qui fut à l’origine du scénario, la grand-mère de Chloé Mazlo, auxquels sont adjoints les fabulations extravagantes de la réalisatrice. La consonance avec l’actualité donne au film une dimension d’autant plus frappante de véracité. Sous le ciel d’Alice est un radieux mais dramatique portrait de famille dans un Liban tour à tour adoré et détesté. 

 

Pour en savoir plus, cliquez ici

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