Adel Koudieh s’empare de divers courants artistiques et de leurs techniques afin de mieux illustrer les sujets qu’il souhaite représenter. Disposant d’une adaptabilité étonnante, il sait user de son pinceau pour les mélanger aussi bien dans une exposition que dans une seule peinture. L’abstrait se mêle à l’expressionnisme pour illustrer au plus près la quintessence que ressent le peintre. Le collectivisme ? « C’est une philosophie » nous dit Adel. Des couleurs, des formes multiples s’éparpillant sur les différentes toiles, créent progressivement un labyrinthe où l’on s’égare dans l’abondance. Notre regard, peut-il s’adapter à cette diversité picturale et tenter d’absoudre ce désir d’unicité qui serait gage d’intelligibilité ? Nul doute que le collectivisme d’Adel Koudieh invite le public à penser autrement l’art. L’exposition se tient jusqu’au 24 mai à l’Escape Gallery à Achrafieh.
Cette diversité picturale prend ses racines dans le parcours de l’artiste. Né au Liban, il se passionne pour le dessin dès l’enfance. Après avoir effectué des études d’art à l’Université libanaise à Beyrouth et fondé une famille, la guerre civile tombe. Adel part en France faire un DEA en art puis un doctorat porté sur la calligraphie arabe. Il témoigne qu’il ne trouvera pas mieux que l’expressionnisme afin de retranscrire et d’exprimer la guerre. Ce jeu des techniques lui permet de mettre en avant plusieurs réalités.
L’exposition Collectivism retrace un « vivre-ensemble » sur la scène publique. L’artiste témoigne que l’expressionnisme entrelacé à l’art abstrait permet « un compromis entre l’esthétisme et le sens des choses ». Quant à l’art cinétique se caractérisant par des parties en mouvements, ses tableaux mettent en exergue l’idée d’unicité à travers des mouvements circulaires et une approche sérielle. Un lien entre les différentes composantes de ses toiles se dessinent : Adel souhaite mettre en avant l’authenticité, représenter des unités disparates, mais qui par leurs multiples représentations créent une harmonie. Les gens aiment, pleurent, se rassemblent, au-dehors s’anime le quotidien. Adel Koudieh sacralise ces interactions et tend vers un humanisme en souhaitant valoriser cette simplicité.
Quand il s’agit des couleurs, l’artiste postule qu’il n’existe pas « une réponse » quant à l’usage : « Les couleurs, c’est autre chose, quelque chose de l’âme ». Les couleurs sont les composantes intuitives de ces toiles, une intimité qu’il parsème à travers celles-ci. Adel Koudieh, inspiré par les événements qui l’entourent, met au service du plus grand nombre sa perception du « vivre-ensemble ». Il réussit à représenter une dualité de l’être en société, en mettant en avant la singularité individuelle tout en affirmant ce qui est commun et fait corps entre les Hommes.
Pour en savoir plus, cliquez ici
ARTICLES SIMILAIRES
Le Liban d’hier à demain par Nawaf Salam
Zeina Saleh Kayali
14/01/2025
Transit Tripoli : Un vibrant tangage
Maya Trad
19/06/2024
« The School of Life » ou le camp d’été transformatif
Nadine Fardon
19/06/2024
Annulation de la Première mondiale de "Journée de Noces chez les Cromagnons"
11/04/2024
Lecture 79 : Ketty Rouf, Mère absolument
Gisèle Kayata Eid
11/04/2024
Le voyageur
Olivier Ka
10/04/2024
Des écrans aux idéaux: Beirut International Women Film Festival
09/04/2024
L’univers onirique de Yolande Naufal à Chaos Art Gallery
09/04/2024
De miel et de lait, une histoire douceur du Liban
Garance Fontenette
09/04/2024
Claude et France Lemand Chevaliers de la Légion d’honneur
08/04/2024