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Pascale Ojeil propose (et obtient!) le jumelage de Byblos et Bonifacio

30/03/2022|Zeina Saleh Kayali

Qu’est ce qui unit Byblos et Bonifacio ? 

Outre leur identité méditerranéenne commune, elles sont toutes deux mentionnées par des auteurs de l’Antiquité : Ptolémée pour Bonifacio et Homère pour Byblos. Leur histoire est liée à leurs ports de commerce, tous deux extrêmement dynamiques et de première importance depuis l’Antiquité.  Les deux villes comportent une citadelle croisée, celle de Byblos étant le plus ancien témoin de l’architecture croisée au Liban. Par ailleurs, dans les deux villes des vestiges de la période néolithique sont attestés. Elles ont connu des périodes d’oubli et ont bénéficié d’un renouveau à la période romaine qui favorise les échanges entre cités méditerranéennes. Elles ont une relation privilégiée avec la ville de Gênes, ce qui déterminera une partie de leur destin. Enfin elles sont toutes deux grandioses et fragiles. 

 

Comment ce jumelage va-t-il pratiquement s’articuler ?

Sur différents axes et ce afin de renforcer : 

- leurs relations, liens d’amitié, coopération ; 

- leur entente mutuelle dans les domaines du tourisme, de la culture, des sciences, de l’éducation et des arts ;

- l’échange de compétences pour la connaissance, la valorisation et la promotion du patrimoine ;

- la relève de divers défis économiques, sociaux, culturels et écologiques, de manière bénéfique aux deux parties qui se ressemblent par leur persistance, leur résistance et leur histoire.

 

Vous avez déjà accompli des projets musicaux, sous forme de trois chansons en corse pour des nobles causes. Avez-vous une relation particulière avec l’Ile ? 

Tout comme ce sentiment de rattachement que je ressens pour mon pays natal le Liban je ressens la même chose pour la Corse. Même si ni la chair, ni le sang, ni la patrie, ni les documents officiels ne me relient officiellement à la Corse, il y aura toujours cet amour platonique, cette relation inébranlable que nul ne pourra briser entre moi et cette île.

 

Chanter en langue corse vous semble important ? 

Pour moi, chanter en corse est ma contribution, à titre personnel, pour raviver et pérenniser cette langue, aujourd’hui classée dans la catégorie « en danger » et qui risque à tout jamais de disparaître. C’est en même temps une opportunité que j’offre au peuple Libanais que celle de lui faire découvrir une très ancienne civilisation. Chanter en corse, me permet d’exprimer mon amour pour ce pays et pour son peuple. Un peuple pour qui ces chants véhiculent aujourd'hui encore, certaines idées et valeurs qui lui demeurent chères, et qui clame sans répit son désir de liberté et d’identité.

 

Vous demande-t-on parfois si vous êtes amoureuse d’un homme corse ? 

Oui tout à fait ! Hélas !! Ça ne m’est pas encore arrivé, toutefois j’avoue être amoureuse oui ! Mais d’un peuple, d’une île.  J’ai été fascinée par la nature de ce pays, ses reliefs et son climat, qui ressemblent tellement aux nôtres d’ailleurs. La Corse a éveillé en moi la nostalgie du Liban. Oui, ce petit paradis a éveillé en moi de belles images de mon cher pays natal, aujourd’hui mutilé par tant de crises... Je ne peux donc m’empêcher de contempler ces deux terres sans voir combien de points elles ont en commun et combien de points communs je partage moi-même avec elles. 

 

Vous pensez qu’il existe des similitudes entre la Corse et le Liban ?

En effet, la Corse a longtemps été victime de son emplacement géographique comme de l'éclat de la beauté de son île qui a longtemps été contrainte malgré sa pugnacité, d'abandonner ses rivages aux envahisseurs. Son peuple, ancré jusqu’aux racines, refusant de lâcher prise ou de baisser les bras, m’a profondément émue, voire bouleversée. 

Le Liban, lui, perle de l’Orient et terre toute aussi séductrice, a subi à son tour le même sort. Son histoire a elle aussi été marquée par les guerres et tachée par le sang. Son peuple, désuni contrairement à la résistance connue de son cèdre, n’hésite pas à s’agresser davantage, à chaque nouvelle page de son histoire. Triste contraste entre les deux peuples… 

 

C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet de jumelage ? 

Oui et ce projet me tient à cœur en termes de résistance culturelle. Le Liban traverse une crise politique et économique sans précèdent et nous sommes pris en otage pour faire face à cette invasion de la théocratie de Mollah. Il nous faut dès lors résister en militant culturellement pour protéger notre identité.

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