C’est un livre un peu spécial, mais si intense que ce serait parjure de passer à côté. Grand, merveilleusement illustré, écrit avec la simplicité de ces plumes captivante et charmante, qu’on feuillette avec plaisir… Mais ce n’est pas tout.

Ce n’est surtout pas le genre de lecture qu’on fait et après laquelle on vaque à ses occupations. Une fois fermé, on ne dépose pas l’ouvrage dans la bibliothèque, comme ces « beaux livres » qu’on offre ou reçoit aux occasions, pour décorer, faire bien ou s’enorgueillir d’avoir. Bien qu’elles ne montrent et ne parlent que des arbres, une fois ses pages tournées, on dépose l’objet à côté de soi, pour y revenir plus tranquillement, pour revoir encore quelques magnifiques photos qui vous captent le cœur, ou pour relire les quelques lignes qui nous ont tellement étonnés. « Les champignons fonctionnent sur le même principe qu’internet, par fibre optique. La densité du système de filaments, invisible à l’œil nu, qu’ils développent dans le sol est à peine inimaginable… En transmettant les signaux d’un arbre à un autre par ses ramifications, il concourt à l’échange d’informations sur les insectes, la sécheresse du sol ou tout autre danger.  Aujourd’hui, les scientifiques parlent même de « Wood Wide Web » pour évoquer l’activité de ce réseau forestier… »

C’est un œuvre qui raconte que les arbres, qu’on classifie d’habitude comme appartenant au monde végétal mais qui semblent respirer, s’entraider, se reposer ou se dévêtir, pourraient probablement appartenir au monde animal qui se défend, communique ou se cherche. 

C’est un merveilleux livre d’histoire que raconte Peter Wohlleben, ce garde forestier allemand qui veille sur une forêt publique de 1200 hectares qu’il a appris à écouter et à observer. Une communauté vivante qui nous offre des leçons de vie, sur l’utilité du dépérissement ou sur les stratégies de survie ou encore qui dépeint la solitude des arbres qui pourtant offrent tant de bienfaits à la planète. C’est une promenade amoureuse secrète dans le monde magistral de ces compagnons majestueux qui s’épanouissent dans la nature, se nourrissent, entretiennent des relations ou souffrent en silence dans les villes. 

Un ouvrage vendu à près d’un million d’exemplaires dans le monde et traduit en plus de 30 langues, dont les héros sont les hêtres, les bouleaux, les érables, les pins… qui nous invitent à réfléchir sur notre rapport à la nature, tout en contemplant des photos d’une grande beauté. 

Un must pour mieux respirer dans ce chaos mondial. Une prise de conscience et une pause pour réfléchir sérieusement sur notre rapport à la diversité biologique. Une leçon tout à la fois d’humilité et d’infinie élévation. Un juste retour somptueusement artistique à notre nature-mère.