A cette époque de l’année, c’est toujours avec un cœur lourd et beaucoup de tristesse que je vous voyais reprendre le chemin de votre université loin de nous et loin du Liban.
Je me révoltais aussi contre ceux qui me disaient qu’il est tellement mieux pour mes enfants qu’ils s’en aillent et qu’ils ne reviennent plus. Je trouvais presque indécent de leur dire de tourner le dos à leur pays, à leurs parents, à leur terre, à leurs racines.
Mais aujourd’hui, j’ai changé d’avis, radicalement.
Mes enfants, je ne veux plus vous voir au Liban.
Partez et ne vous retournez pas.
Cette terre vous mérite, mais ces hommes ne vous méritent certainement pas.
C’est cette phrase du chef de l’état « je savais, mais ce ne sont pas mes prérogatives » qui m’a planté un couteau dans le cœur et qui m’a fait comprendre que tout ce que l’on vous a inculqué comme principe de respect du prochain, du sens des responsabilités, d’empathie et de joie de vivre a volé en éclat.
C’est le fait que ni le chef de l’état, ni un autre ne se soient même pas adressé à la nation pour présenter ses condoléances et accessoirement ses excuses, qui m’a achevée.
C’est l’absence de toute dignité humaine qui m’a abattue.
C’est l’absence de respect de son concitoyen qui m’a sidérée.
Je savais bien que le mot respect n’existe au Liban que pour le dollar, mais je pensais que devant cette apocalypse, l’humanité reprendrait ses droits ne fût-ce que pour une seule journée.
Ces attitudes abjectes que l’on a prises en pleine figure étaient mon explosion du Port à moi. Cela a balayé toutes mes convictions avec un souffle ravageur emportant sur son passage ma volonté de dévouement de mes enfants à mon pays.
Partez mes enfants, mais moi, je reste là. Je serai là.
Partez, mais nous les parents, resterons là. Nous essayerons de recoller les morceaux tant bien que mal pour garder un semblant de patrie et au mieux créer, si nous arrivons à déjouer les forces du mal, un nouveau système politique plus sain.
Mais je ne le pense pas. Le libanais est connu pour son sens du commerce. Il a à présent dévoyé ses dons pour ne commercer qu’avec la vie et la dignité de l’être l’humain. Sur la route du gain, rien ne l’arrête.
Partez, je serai votre trait d’union.
Partez mes amours, vous et vos amis.
Par-delà les mers, vous ferez briller l’éducation que nous, votre famille, vos profs, vos écoles vous ont offerte. Vous ferez briller l'excellence libanaise.
Les souillures qui nous servent de dirigeants, ne méritent pas une once de votre éducation.
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