Grand, grand moment d’émotion avec Mika cette fin de semaine.
Grandiose. Talentueux. Généreux et surtout pétri d’amour. Pour son public, pour son art et pour son Beyrouth à qui il a concocté et dédié un concert d’une très grande envergure.
« I love Beirut ». Un concert bénéfice, virtuel, à la taille de cette superstar qui affirme sa libanité avec tant d’amour et de fierté. Un tour de force admirable, diffusé le même jour sur plusieurs fuseaux horaires et qui nous a insufflé énormément de joie. Quelle sensibilité dans le choix des secondes qui ont signé l’éternité pour ces pompiers, ces femmes, ces enfants victimes ! Quelle tristesse sans mélodrame à nous rappeler ce si triste 4 août de tous les malheurs : les éloquents témoignages de douleur, les regards qui en disent longs, les larmes à peine voilées ! Quelle finesse à introduire la vie naissante à la seconde de l’explosion, la prière de l’Agnus Dei chanté admirablement par Rufus Wainwright ou la prestation émouvante de Machrou’Leila…
En un mot, Mika nous a ravis. Les oreilles, comme toujours, avec ses tubes qui ne prennent pas une ride. Il nous a éblouis avec son énergie, son interprétation physique, délurée, unique qui « Danse, danse, danse ». Mais Mika nous a surtout charmé le cœur. Il nous a ému à mentionner le souvenir de sa grand-mère qui dansait à son concert à la Place des martyrs, à rendre hommage à la cuisine libanaise en pleine Italie où, accompagné d’une fanfare il a chanté en pleine rue. Un clin d’œil à Dieu en duo avec Louane, un message d’amour du Colisée, une chanson dédiée à sa mère, un poème-hommage de Fanny Ardant, un autre de Gibran Khalil Gebran lu par Salma Hayek et les mots si judicieux de Etel Adnan, appelant à encore plus de culture, seule réponse à l’indicible horreur qui s’est abattue sur Beyrouth… Un spectacle vibrant, riche, dense, émouvant, intense, d’une beauté poignante.
Mika en offrant tout son talent, debout sur son piano ou s’éclatant dans cette salle d’opéra de Florence, en chantant en simultané avec ses invités ou en répétant encore et encore « Love Today » a certainement ramassé pour la cause libanaise, beaucoup d’argent à coup de 10 $ et de 10 euros le billet, mais il a mis aussi un baume sur nos blessures en donnant une visibilité internationale accrue à son concert en lui introduisant de très grands artistes de Los Angeles, Mexico City, Paris, Italie... Par ce spectacle-bénéfice éblouissant, Mika a ressuscité notre dignité aux yeux du monde en lui rappelant que nous sommes un peuple aimé, qui a une place spéciale sur la mappemonde, qui mérite que l’on lui consacre un splendide concert qui aurait drainé des dizaines de milliers de gens au prix fort des billets, envolés des mois à l’avance et même vendus au marché noir.
Pour toute cette générosité, pour cette immense preuve d’amour, merci Mika.
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