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Le Trio Joubran pour les réfugiés de Palestine

22/06/2023|Léa Samara

Le Trio Joubran, composé des talentueux frères Samir, Wissam et Adnan Gibran, est connu pour sa maîtrise du oud et ses performances uniques. Leurs mélodies originales ont captivé les publics du monde entier, des plus belles salles de concerts internationales au camp de Sabra-Chatila. Lundi dernier, au sein du célèbre Assembly Hall de l'Université Américaine de Beyrouth, s’est tenu un concert inédit, co-organisé par le Comité de dialogue libano-palestinien, l’UNRWA, le Club culturel palestinien et Jafra Productions, au profit des réfugiés palestiniens dans toute la région. Cet événement est une célébration de la culture et de l'héritage palestiniens et une vitrine du talent et de la créativité des artistes palestiniens, au bénéfice de la lutte contre le cancer dans les camps palestiniens au Liban.

 

La fratrie est issue d'une famille dans laquelle la musique a une place de prédilection: leur maîtrise du oud, et la connexion unique, la véritable harmonie humaine entre eux fait de leur interprétation un moment alliant technique et émotion. Le plus vieux des trois frères est celui qui conte le narratif familial; aîné de 50 petits-enfants, proche du poète palestinien Mahmoud Darwiche, il rythme la performance musicale avec ses interventions poétiques et philosophiques. Ce concert est sans aucun doute un éloge de la liberté et de l’égalité, auxquelles le Trio, basé en France depuis plus d’une vingtaine d’années, est très attaché. Beyrouth est une ville d’accueil et de culture éternelle, déclare Samir, faisant réagir les nombreux membres de la communauté palestinienne présents au concert. 

Le premier morceau débute. Des longs moments de solo très doux, poétiques, invitent à la réflexion. D’autres instants collectifs, beaucoup plus puissants en émotions, évoquent une progression; appel vers le haut, moment d’éternité. Enfin, d’autres morceaux sont beaucoup plus rythmés, avec l’ajout de la batterie, et dans les solos enflammés transparraissent la souffrance et l’angoisse, à la manière du poème Les Djinns de Victor Hugo dans son recueil Les Orientales. Dans le poème, ces créatures viennent bouleverser la quiétude de la nuit et détruire tout sur leur passage. Ils repartent aussi soudainement, laissant alors le lecteur s'interroger : et si ce n'était qu'un rêve ? Ce poème est plus qu’évocateur, au-delà du concert, sur la situation d’oppression et de violence exprimée par le Trio. 

 

L’alchimie entre les trois frères et leurs deux autres musiciens semble inaliénable; on assiste à une véritable discussion, conversation par les cordes, plus encore que leurs regards et leurs sourires échangés. La communication est organique: c’est comme s’ils se renvoyaient la balle, avant de reprendre en cœur tout à coup, à l’unisson. Leur sûreté dans l’exécution de la succession très rapide des notes n’a d’égal que leur passion pour leurs instruments — qu’ils embrassent même à certains moments —; le violoncelliste et le bassiste étant tout aussi doués. Le concert est ponctué d’hommages à Mahmoud Darwiche, entre récitations, extraits en français projetés sur les côtés de la scène, et éloges de la part des musiciens. 

 

La scénographie est travaillée, avec notamment des jeux de lumières très intéressants. Les spots sont dirigés sur les trois ouds, qui deviennent centraux, laissant le visage des musiciens dans l’ombre. La quasi-personnification de l’instrument le fait devenir le messager direct et semble anonymiser le Trio. En effet, ce soir-là, et tous les autres soirs aussi, c’est le cri d’un peuple et pas celui d’individus qui résonne dans la salle. L’acoustique de la salle, les voûtes et les éclairages — la fumée confère une ambiance très vaporeuse sur certains morceaux — réunissent les conditions pour un moment paradoxalement intimiste, malgré la solennité d’une partie du public réuni dans l’Assembly Hall. 

 

En somme, la dextérité des musiciens, les trois frères étant profondément singuliers dans leur expression respective, ajoutée à une charge émotionnelle qui dépasse la technique, nous a offert un moment de puissante communion entre la scène et un public qui respirait la fierté et la gratitude. 

 

Si vous souhaitez rejoindre la cause soutenue par Le Trio Joubran, contribuer à célébrer la beauté de la musique et de la culture palestinienne et avoir un impact significatif sur la vie des réfugiés palestiniens, vous pouvez faire un don aujourd’hui pour cette cause importante et aider l'UNRWA à fournir une protection et une assistance vitale aux réfugiés de Palestine.

 

Pour faire un don, cliquez ici

 

 

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