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Laura Lahoud, vice-présidente du Festival al Bustan : « La culture est un refuge en temps de crise »

21/02/2022|Gisèle Kayata Eid

Alléluia le festival du Bustan a repris ! Et avec lui tous nos espoirs. Oui nous sommes là, oui la culture fait partie de notre ADN et non, « ils » n’auront pas notre peau. En ce début de printemps que nous attendons impatiemment pour tant de raisons, l’auditorium Émile Boustany nous a offert des prémices de grâces que les deux dernières années ont gommées de notre vie.  La joie de se retrouver, de « sortir » de son salon, d’aller rencontrer ceux qui, comme nous, apprécient la bonne musique et les concerts de qualité en présence des artistes. Nous avions oublié qu’être plusieurs à voir sur un écran, le même spectacle, chacun chez soi, n’avait rien de comparable à goûter ensemble, physiquement, avec la même ferveur, aux mélodies et sonorités qui nous font plaisir.  Tout un bonheur avec lequel le Festival du Bustan nous a « RECONNECTés »…Des retrouvailles auxquelles sont associés les étudiants, les gens dans la rue, les mélomanes de toujours… Une animation culturelle substantielle qui injecte une bouffée d’oxygène à notre quotidien devenu si morose. 

Mais comment réussir ce tour de force dans ce magma d’ambiances dépressives, de difficultés financières, d’horizons bouchés ? Quelques éléments de réponse avec la vice-présidentedu Festival, Laura Lahoud. 

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre le festival ?   

On n’a pas trop réfléchi. Toute l’équipe était d’accord. Le Festival al Bustan est un message d’espoir et d’amour, un cadeau pour le Liban. On a plongé dedans. Les Libanais méritent d’être heureux, d’avoir du bon temps, d’avoir de l’espoir. 

 

Un festival se prépare très tôt, depuis quand concoctez-vous celui-ci ?

En 2020, nous avons fait un spécial pour les 250 ans de la naissance de Beethoven. On a pu, in extremis, présenter les neuf concerts, que Covid nous prenait de court. Nous avions planifié de nouveaux spectacles pour 2021, mais en l’absence de vaccins, nous avions dû reporter le festival. Une partie de la programmation de cette année avait été prévue à l’époque. Nous avons repris le contact avec les musiciens et avec le public qui nous attend. Il y a une sorte d’amitié entre nous tous qui s’est bâtie au fil du temps.   

 

Mais comment gérez-vous les frais de cette reprise qui doit être très coûteuse avec la situation économique du pays ? 

En effet, les frais sont énormes. L’État fait ce qu’il peut, mais nous savons qu’il n’a pas d’argent. Il nous facilite les opérations et nous offre un support moral, notamment le ministère de la Culture et celui du Tourisme. Ce sont essentiellement des mécènes privés, qui apprécient la musique et la culture et qui savent combien ce festival est important pour le Liban, qui nous supportent financièrement. Ce sont des associations, des compagnies privées, pas de banques libanaises, mais une banque suisse… Il y a une sorte d’entraide.   

 

Comment avez-vous établi le prix d’entrée unique à 350.000 L.L. ?

Quand nous l’avons décidé, le dollar était à 33.000 L.L. et semblait continuer sur sa lancée pour atteindre les 35.000 L.L., l’équivalent de 10 dollars. Maintenant que la parité du dollar est redescendue, le prix du billet se situe autour de 15 $, ce qui demeure cher pour beaucoup de personnes depuis la crise financière, mais peu élevé en comparaison avec l’Europe ou l’étranger pour des concerts de cette qualité. Nous avons d’ailleurs vendu énormément de billets. Les gens viennent massivement. Ils ont soif de ce genre d’évènement culturel. 

 

Avez-vous rencontré des difficultés inhérentes à la situation difficile du pays ? 

Avant la crise financière nous avions beaucoup de problèmes et d’obstacles. Aujourd’hui, ils sont multipliés par millions. Mais on a décidé d’aller de l’avant malgré tout. Nous refusons de baisser les bras. Nous avons nommé l’édition de ce festival « Reconnect », parce que nous voulons véritablement nous reconnecter avec le public, les artistes, avec la musique, avec nous-mêmes. Covid nous a fait réaliser ce qui est important pour nous. Notamment que la culture est un refuge. Ce pourquoi nous proposons un festival pour tout le monde, tous les âges, tous les milieux confondus, en offrant des classes de maîtres pour les étudiants, des activités gratuites, des animations de rue, des conférences, des rencontres avec des chefs d’orchestre, des concerts pour enfants défavorisés ou malades...  Nous avons gardé abordable le prix d’entrée. En 2020, nous avions établi aussi un prix fixe à 30.000 L.L, il n’y avait pas une place de libre dans la salle. Le festival a beaucoup évolué depuis 29 ans. Il rejoint aujourd’hui tous les publics. 

 

Est-ce que votre mère, Mme Mirna Boustany, est-elle toujours « aux commandes » (si l’on peut dire) du Festival?

Ma mère est le moteur et le cœur du Festival al Bustan. Elle l’a fondé en 1994, après 20 ans de guerre. C’était un cadeau pour le Liban. Nous continuons sa mission. 

 

Comment gérez-vous cette transition ?

C’est une chose naturelle. Je n’y pense pas vraiment. C’est une belle aventure. On aime notre pays et c’est pour cela qu’on le fait. On est passionné et on va de l’avant. Tout le monde apprécie cela. Je le répète, la culture est vraiment un refuge en moment de crise. On s’y attache et cela nous sauve. 

 

Pour tout savoir sur les détails de cette animation culturelle tous azimuts, voir le site www.albustanfestival.com , jusqu’au 13 mars 

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