Né au Liban, élève des Jésuites, diplômé de médecine de l’AUB, titulaire de doctorats en sciences cognitives et neurophysiologie au Massachussets Institut of Technology et à Harvard, directeur de recherches en neurologie et auteur de plusieurs ouvrages, le Dr Tony Nader est vite devenu une véritable sommité mondiale dans le domaine des neurosciences. Désireux de mettre en avant le plein potentiel du développement de l’être humain et surtout de comprendre comment parvenir à étendre les capacités de l’esprit, son riche parcours le conduira vers la Méditation Transcendantale et surtout vers Maharishi Mahesh Yogi, maître spirituel indien, expert en sciences védiques et fondateur du mouvement de Méditation Transcendantale. Ensemble ils vont continuer durant plus de vingt ans les recherches dans le domaine des états de conscience supérieure et également dans la possibilité de résoudre les conflits et de diminuer la violence dans le monde. C’est donc tout naturellement que le Dr Tony Nader prendra la succession de Maharishi, disparu en 2008. Titulaire de plusieurs prix internationaux et surtout du titre de « Raja Ram », la plus haute distinction dans la tradition indienne, pour le dirigeant d’une organisation ou d’une nation, il est aujourd’hui à la tête de Global Country for World Peace, une organisation internationale qui regroupe les organismes du mouvement de la Méditation Transcendantale présent dans plus de 120 pays. 

Dans son dernier ouvrage Un océan illimité de conscience, préfacé par David Lynch, le Dr Nader présente des idées et des réponses quant au développement optimal de l’esprit humain, la quête de la paix et l’accès à la plénitude. « Je veux que chacun sache ce qu’est la conscience et comment la développer pour apprécier le plein potentiel de la vie individuelle et sociale. » 

Je me suis tourné vers l’étude de la médecine, de la psychiatrie et de la neurologie pour comprendre pourquoi, bien que nous soyons si semblables, nous pouvons être si différents dans nos opinions, mentalités et points de vue. Mais les réponses à mes questions fondamentales étaient trop complexes et abstraites pour l’investigation scientifique. Ce fut la Méditation Transcendantale (MT) qui me permit d’explorer ces réponses par l’expérience directe, plutôt que par l’analyse et la déduction.

J’ai travaillé directement avec Maharishi pendant plus de 20 ans sur ce thème central. Sur la base de découvertes de recherche appliquée, théoriques autant que pratiques, j’ai développé la conviction que la Conscience est la base non seulement des aspects mentaux et spirituels de la vie, mais aussi de tout ce que nous appelons matière et énergie. Je suggère par conséquent dans ce livre que nous devrions renverser le problème énigmatique de comment la matière mène à, ou « crée » la conscience en affirmant que c’est la conscience qui crée la matière, ou plus précisément, c’est la conscience qui apparaît comme matière.

Je propose l’idée très radicale — « la Conscience est tout ce qui est ». Ceci est ce que les philosophes appelleraient une forme particulière de monisme, un idéalisme moniste où la conscience est tout ce qui est et il n’y a rien en dehors de la consience.»

Un livre essentiel sans aucun doute et surtout maintenant que la peur étend ses tentacules et que la paix n’a jamais été aussi urgente. La paix justement… si loin du langage de nos journées sombres et pourtant peut-être à portée de main, demain ? Le 29 décembre à Hyderabad en Inde, une réunion extraordinaire de 10 000 personnes venues du monde entier va démontrer les effets extraordinaires de la Méditation Transcendantale sur la conscience collective afin d’apaiser violences et conflits. Le Dr Tony Nader a bien voulu nous en dire plus dans cet entretien exclusif :

« Des recherches entreprises durant les cinquante dernières années ont démontré que lorsqu’un certain nombre de personnes pratiquent ensemble des techniques avancées de la Méditation Transcendantale cela crée un effet positif dans la société sur tous les niveaux : réduction des conflits, diminution des accidents de la route, de la criminalité et même des maladies. Cela vient du fait que l’on agit ainsi sur la conscience collective. Il suffit pour cela qu’un nombre équivalant à la racine carrée de 1 % de la population se réunisse et médite ensemble. On appelle cela l’Effet Maharishi. Sachant que la population mondiale est de 8 milliards 100 milles individus, la racine carrée de ces 1 % est donc 9000. Nous avons arrondi ce chiffre à 10 000 pour avoir une marge de sécurité et optimiser le résultat. Les gens vont venir en Inde de plus de 85 pays dans le monde, entre autres le Liban, pour participer à ce grand rassemblement de paix et d’unité qui s’étendra du 29 décembre au 13 janvier. Nous verrons alors les transformations dans ce monde qui actuellement va dans une direction qui n’est pas idéale dans la manière de résoudre les conflits et les problèmes à travers la guerre et la destruction.

Ces effets positifs seront-ils pérennes ? 

Ils vont juste durer un certain temps. C’est comme quand on allume la lumière dans une chambre noire, quand on l’éteint, l’obscurité revient. Mais la lumière qui a tout éclairé a démontré aux gens qu’ils peuvent trouver leur chemin et accéder à des solutions sans passer par la violence. Elle a créé une atmosphère où il y a moins de stress, moins de peur et naturellement les gens commencent à s’accepter les uns les autres, à comprendre comment travailler ensemble, comment s’entraider, comment créer quelque chose de positif au long terme. La lumière aide à prendre en considération pas seulement les intérêts personnels mais aussi ceux de la société, l’intérêt du monde, c’est cela l’élargissement de la conscience. De là la grande importance de la maintenir en essayant de mettre en place des groupes qui se relaieraient pour méditer. 

Cela donne beaucoup d’espoir de voir que l’on peut changer la réalité du monde aujourd’hui, devenir acteurs au lieu juste de subir. Et la méditation est tellement simple et naturelle. Comment expliquer alors que ce n’est pas plus diffusé au niveau des familles, des écoles ? 

Nous sommes dans l’évolution de l’être humain, l’évolution de la connaissance, et on passe par des étapes. Au début on s’attache à des choses qui sont superficielles et mécaniques et puis on commence à voir qu’il y a d’autre façons de vivre, d’autre façons de penser et, quand on veut changer, cela demande un effort ou une compréhension plus profonde. Les gens sont attachés à leurs préjugés parce que nos sens nous donnent une certaine impression de la réalité et on s’attache à cette impression-là. Par exemple on voit le soleil se lever à l’est et se coucher à l’ouest et c’est clair d’après nos sens que le soleil bouge et fait le chemin. Alors que c’est la terre qui tourne autour de son axe mais quand ils ont dit cela, Copernic et Galilée ont eu des problèmes et il a fallu 300 ans pour l’on accepte le fait que c’est la terre qui tourne autour du soleil. Donc quand on amène une connaissance nouvelle les gens vont prendre leur temps avant de l’accepter. Parce qu’il y a une prédisposition dans le mental que la réalité est comme cela : « c’est comme ça qu’on m’a dit, que ma famille pense, que ma croyance pense et donc si on veut changer cela c’est toujours compliqué ». Mais heureusement cela arrive de plus en plus. 

Mais les gens vont mal et en même temps ils sont réticents à se déconditionner. Y a-t-il donc une résistance au bonheur, à la sérénité ? 

C’est l’accumulation de stress et de fatigue qui fait qu’on ne voit plus clairement. Si nous portons des lunettes de couleurs cela conditionne la vue. Deux personnes avec des couleurs de lunettes différentes et regardant la même chose ne la verront pas de la même façon et iront jusqu’à s’entretuer. Parce qu’ils croient ce qu’ils voient. Et l’identification du soi avec ce que l’on croit être la réalité fait de sorte qu’ils pensent qu’en changeant ils vont perdre leur soi, ils vont perdre leur réalité. Donc si on leur dit : « viens je peux te donner le bonheur, la joie », il y a le sentiment dans leur inconscient qu’ils vont se perdre, eux et leur réalité donc ils se disent « même si je suis malheureux au moins je suis là ». Ils voient le monde à travers leur filtre et cela les rassure. 

Mais ce filtre, est-ce qu’il est issu du stress, ou d’une peur de se connecter ?

Du stress et de la peur. Les expériences qu’on a vécues dans sa vie deviennent l’identification qu’on a de la réalité et de nous-mêmes. On s’attache aux superstitions aux croyances limitantes. Elles sont tellement enfouies dans le système qu’elles nous empêchent de dépasser cette situation et de comprendre qu’il y a plus. Toutes ces choses-là nous font croire que nous sommes les choses qu’on nous a dit que nous sommes, nous sommes les expériences qu’on a vécues et donc on s’identifie à cela. À travers la méditation, on transcende le stress et on nettoie notre système. En plongeant de plus en plus en nous-même, nous découvrons une réalité qui est transcendantale, au-delà de ces limites-là, et nous agissons alors à un niveau qui est le plus profond au niveau des lois de la nature. C’est pour cela qu’on parle du système quantique et du champ unifié des lois de la nature parce qu’en fait là on va à l’origine de toute l’existence, pas seulement à l’origine de notre propre existence, mais à l’origine de tout ce qu’il y a, donc la conscience pure, la nôtre mais aussi celle qui crée l’univers. Comme on dit dans la Méditation Transcendantale, « au lieu de travailler au niveau des vagues de l’océan, tu plonges à l’intérieur de l’océan, tu deviens l’océan et là tu peux faire toutes les vagues que tu veux ». 

Que peut-on faire à notre niveau personnel chacun chez soi ?

Déjà méditer, transcender, créer cet effet parce que chaque moment de transcendance aide. Il suffit de créer un grand groupe au Liban de 200 ou 300 personnes pour pratiquer cette technique avancée ensemble et pouvoir observer les effets positifs. Ce qui me fait mal au cœur c’est de voir qu’au Liban depuis 50 ans, les gens parlent de guerre, de conflits donc toute l’intelligence est basée sur la situation. La conscience collective est constamment dans un état de danger, de peur et d’attente de solutions au lieu d’exploiter le potentiel créatif d’où l’effondrement du pays qui vient de cela. On ne regarde pas vers le futur. Et ce qui est arrivé au Liban arrive maintenant dans le monde entier. Les gens regardent ou lisent les nouvelles et se posent des questions plutôt que de s’intéresser aux nouvelles découvertes qui ont été faites, suivre les recherches, améliorer la vie, créer de nouvelles choses. C’est un phénomène naturel en quelque sorte mais qui a besoin qu’on y infuse une réalité plus grande, une compréhension plus élargie et c’est ce qu’on appelle la conscience. Ce n’est pas un thème ésotérique et bizarre c’est juste la capacité d’être conscient des choses, des possibilités, d’avoir une vision plus large vers le futur, vers le bien commun, penser à l’humanité mais on ne peut pas le faire si on est sous stress. Pour qu’il y ait la paix il faut que la conscience change, c’est ça qui est important. Si on est tous abrutis par la guerre et la peur, donc on ne pense qu’à la guerre et la peur. Le système nerveux est ainsi fait. Quand on est en danger, il y a une partie du système nerveux qui est mise en marche pour protéger et là c’est « fight or fly », fuir ou se défendre, un système très salutaire dans un état de danger. Mais ce qui ce passe c’est que quand le monde se retrouve dans un état de peur et de danger perpétuel, il devient comme cela d’une façon permanente. C’est pour cela qu’améliorer la conscience collective à travers ces groupes comme celui qu’on va faire en Inde aide à calmer l’atmosphère et alors les gens, même dans leur vie quotidienne, commencent à se réveiller et à penser à de vraies solutions.

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