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Interview à deux voix à la galerie Sfeir-Semler

27/01/2021

Léa : Après presque quatre années passées à la galerie Sfeir-Semler de Beyrouth, comment décririez-vous son positionnement sur le marché libanais ?

La galerie Sfeir-Semler à Beyrouth n’opère pas vraiment comme une galerie commerciale. Elle propose uniquement 3 expositions par an (en temps normal), et ce sont principalement des expos ambitieuses de très haut calibre, autour desquelles se fait une programmation régulière d’évènements, tours guidés, conversations, projections de films etc..

La galerie met un point d’honneur à proposer au public libanais les expos de ses artistes qui sont en tournée dans les plus grands musées. Je pense par exemple au projet FRAGMENTS de Rayyane Tabet qui avait été présenté à Marrakech, Paris, Berlin, Amsterdam avant de passer par Beyrouth, et qui est aujourd’hui une exposition majeure au Metropolitan Museum de New York, ainsi qu’une exposition en préparation à la Sharjah Art Foundation. Ou encore l’exposition de Akram Zaatari que la galerie avait présentée en 2018 et qui était passée au K21 à Düsseldorf, au MACBA de Barcelone, au Musée National d’Art Moderne et Contemporain en Corée entre autres, et qui continue son chemin avec des présentations prévues en Europe. 

 

Léa : D’après vous et de manière générale comment tous les bouleversements locaux et mondiaux ont changé le mode de fonctionnement des artistes ? 

Même plus d’un an après le début des bouleversements au Liban (et dans le monde) il est encore difficile de se prononcer là-dessus. Nous sommes encore au pic de la crise, surtout au Liban, et les artistes ont besoin de temps pour digérer la réalité qui les entoure avant d’y répondre. Que ce soit les artistes ou les structures culturelles, tout le monde est encore dans un mode d’urgence, de première nécessité, de gestion de crise, de réajustements qui doivent se faire au quotidien. Ce qui est palpable en tous cas c’est le ralentissement général, et à mon sens ce n’est que lorsque nous pourrons reprendre nos activités de manière régulière que l’impact de ce que nous vivons actuellement commencera à paraître. 

 

Léa : La scène artistique reste-elle dynamique et créative au Liban ?

Certainement, et cela s’est vu dans la multitude de réponses à la catastrophe du 4 août de la part d’une scène qui se bat envers et contre tout pour exister, et dans les évènements qui ont quand même eu lieu avant le confinement de janvier 2021. 

 

Mais il est vrai que nous ressentons tous une grosse baisse d’énergie, sous les pressions économiques, sociales, politiques, sanitaires …  il est également vrai que beaucoup font le choix de partir (et j’en fais partie), mais notre connexion viscérale à ce petit bout de terre demeure intacte, et même de loin nous espérons continuer à contribuer au scintillement de cette scène artistique.

 

Lina : Pourquoi être passée de la Saradar Collection à la galerie Sfeir Semler ?

J’aimerais tout d’abord préciser que les deux décisions ne sont pas du tout liées : Je n’ai pas quitté la Saradar Collection pour rejoindre l’équipe de Sfeir-Semler.

 

Les activités d’acquisitions et de programmation de la Saradar Collection s’étant arrêtées pendant plus d’un an suite aux bouleversements économiques et politiques qui ont suivi le 17 octobre 2019, ma décision de quitter s’est imposée en quelque sorte par la force des choses.

 

C’est bien après mon départ qu’Andrée Sfeir-Semler m’a proposé de prendre la relève pour la direction de Beyrouth étant donné que Léa avait pris la décision de quitter le pays. 

C’est avec joie que j’ai accepté ce nouveau défi.

 

Sfeir-Semler est une galerie pour laquelle j’éprouve du respect. J’admire son dynamisme et son soutien inconditionnel pour les artistes qu’elle représente.

 

Lina :  Comment pensez-vous adapter la stratégie de la galerie aux nouveaux défis issus de la pandémie mondiale et de la situation économique au Liban ?

Les défis de cette période sont énormes encore plus pour nous autres libanais pour qui l’incertitude du lendemain se fait clairement ressentir encore plus qu’ailleurs dans le reste du monde.

Notre stratégie en période de crise est celle de la persévérance, celle de continuer à avancer envers et malgré tout avec engagement, professionnalisme et surtout passion. 

 

Aujourd’hui plus que jamais, la culture ne peut être considérée comme un luxe au Liban, c’est plutôt une nécessité vitale. Elle nous permet d’exister, de penser, et surtout de cultiver un esprit libre... tous les ingrédients nécessaires pour construire une citoyenneté nouvelle. 

 

Lina : Quelle exposition préparez-vous après celle de Marwan Rechmaoui qui se termine en avril ?

Malheureusement notre calendrier d’expositions est sans cesse revisité étant donné les mesures de confinements successifs et les fermetures qui s’en suivent.

Normalement nous planifions après l’exposition de Marwan Rechmaoui prévue pour le mois de mars, une rétrospective de l’artiste Aref Rayess.

 

Léa : Le jour de votre départ, quand vous remettrez votre poste à Lina, qu’allez-vous “symboliquement” lui transmettre ?

Au-delà de la passation de direction, la galerie Sfeir-Semler à Beyrouth est le symbole d’une mission pour laquelle Andrée Sfeir-Semler se bat depuis 2005 : promouvoir les artistes libanais et du monde Arabe que la galerie représente et proposer une structure qui permet de développer leurs carrières en les plaçant dans les collections les plus prestigieuses du monde, tout en leur offrant un espace pour présenter leur travail localement. Nous sommes à un moment charnière de notre histoire, et comme le dit Lina, aujourd’hui plus que jamais la galerie a un rôle essentiel à jouer afin de participer au débat et continuer à proposer un espace de réflexion.

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