En Afrique équatoriale, les journées sont de même longueur que les nuits, de six heures à 18 heures tout au long de l’année. C’est l’égalité parfaite entre la lumière éclatante et l’obscurité totale. Dans cet environnement tropical, surgit le volcan dormant du Kilimandjaro à seulement 330 km de l'équateur.
Lorsque les premiers explorateurs ont rapporté avoir vu des glaciers au sommet du Kilimandjaro, personne ne les avait crus car, pensait-on, il était impossible que la glace se forme si près du chaud soleil équatorial. Johannes Rebmann, un missionnaire Allemand, fut le premier à rapporter sa découverte de la “Montagne Blanche”, le 11 mai 1848, en ces termes, « Je vis quelque chose de remarquablement blanc au sommet d’une haute montagne et cru d’abord qu’il s’agissait de nuages, mais mon guide me dit que c’était du froid, alors je reconnus avec délice cette vieille compagne des Européens qu’on appelle la neige. »

Situé en Tanzanie, en Afrique de l’Est, visible du Kenya à des centaines de kilomètres à la ronde, le Kilimandjaro, souverain géant de 5895 m aux neiges éternelles, trône sur l’équateur. Entouré de savane, enfoui dans la brume, un écrin opaque de nuages l’entoure la plupart du temps. Noyé dans le brouillard pendant tout un hiver, il se fait attendre, puis se fait annoncer. Ce n’est que lorsque la brume nébuleuse qui le couvre s'entrouvre sur lui qu’il dévoile son cratère de cristal glacé !
Certes, le majestueux Kilimandjaro fascine. C’est qu’il porte en lui la dualité du chaud et du froid, chaleurs torrides de l’Équateur et froidure des neiges septentrionales. Il incarne une des clés de l’origine de la vie, les premières sources de vie qu’apportent avec elles les éruptions volcaniques, le mélange entre les éléments, feu, eau, terre et air.
En effet, l’ascension vers le sommet est similaire à un voyage de l'équateur à l'Antarctique. Sur le parcours, se déploie une végétation composée successivement de plaines, de forêts de montagne puis de lande d’altitude, avant d’atteindre un désert alpin, le sommet et sa surprenante calotte glacière. Cette dernière rétrécit comme une peau de chagrin. D’après les scientifiques, elle a diminué de 82 % depuis 1912 et est destinée à disparaître dans moins de 30 ans autant en raison de la déforestation que du réchauffement climatique.

Photo George Benjamin
Reste l’espoir qu’au pied du toit de l’Afrique, les girafes, les éléphants et les gazelles continueront de se fixer, tout autant que ces bêtes si peu communes qui y rôdent depuis toujours, le petit koudou (une adorable antilope), le zèbre des plaines, le léopard d’Afrique, le cochon de brousse, le babouin jaune, ainsi qu’un genre très particulier de serval, au pelage complètement noir.

“Elles te feront un blanc manteau, Oh Oh Oh… les neiges du Kilimandjaro”… Un jour pas si lointain, la chanson mythique de Pascal Danel, disque de platine en 1966, viendra rappeler aux générations futures l’existence de ce magnifique glacier qui n’existera plus que sur les écrans. Les neiges du Kilimandjaro, devenues désormais un souvenir du passé, ne serviront plus de manteau ni au toit de l’Afrique ni à aucun humain.
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