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Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

03/12/2019|Gisèle Kayata Eid

Ce qui est fabuleux depuis plus de 45 jours déjà, c’est la surdité du pouvoir.  On l’avait accusé d’amnésie, à défaut de pouvoir imposer une amnistie, d’avoir oublié que depuis des années on attend de lui ne serait-ce que l’électricité… en vain.  En panne, pour tout éclairage, nous n’avons retrouvé que des hâbleurs, forts en gueule, qui pour noyer leur chien l’ont accusé de la rage.  Grand bien leur a fait.  Nous sommes en effet (et enfin) enragés d’avoir été traités en chiens galeux… tout au mieux. 

 

Maintenant qu’ils ont en face d’eux une rue en furie, ils adoptent une nouvelle tactique : la sourde oreille. Ils voguent dans leur galaxie, légers et insouciants, toujours convaincus qu’ils ont le bon bout du bâton. Si au moins ils étaient sourds-muets ! Ils nous auraient épargnés leur langue de bois. 

 

C’est simple, écoutez-les, ils répondent aux questions pertinentes par des entourloupettes, des mots creux, des références au passé, ressortent des archives de déculpabilisation, font étalage de leur arabe littéraire, élaboré, pédant, alignent des phrases... Ils nous font perdre notre latin en étalant leur science aguerrie en logorrhée verbale qui a quelque effet, je ne vous le cacherai pas. 

 

Leur discours nullement discursif a quelque chose d’un conte, à la limite de l’hypnose.À partir d’une réalité, ils se réapproprient la parole, se régalent de mots réchauffés jusqu’à plus de jus, déclenchent un cinéma dans notre imaginaire, inventent des contenus toujours pareils mais racontés de manières différentes, se positionnent sans arrêt pour faire passer des valeurs suprêmes qui louent leur immaculée probité.  Ils nous content une fable dans laquelle, courbés sur leur fagot, ils font l’apologie de leur incorruptibilité… 

 

Jusqu’à ce que quelqu’un du « hirak », comme ils disent, prenne alors la parole.  Soudain, on respire, on écoute, on se sent revivre : des chiffres, des faits, des mots précis, succincts, des propos qui résonnent, des voies traçables, de l’avenir...  Pas d’effet d’endormissement, bien au contraire.  On se sent plein d’énergie et de courage. Leurs mots coulent de source, viennent aisément, parce que ce qu’ils énoncent clairement est bien conçu, par des esprits alertes, qui ne veulent qu’une chose : sortir du merdier dans lequel les contes, les fables et les mensonges de nos chers politiciens et leurs sous-fifres nous ont plongés... Jusqu’à n’en peut plus. 

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