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Confessions en temps de Corona: Chadi Zein

04/05/2020

Chadi Zein.

Metteur en scène interdisciplinaire, directeur artistique, jardinier relationnel (FCA Méthode ESPERE®), psychologue clinicien en devenir.

www.lesateliersdevie.com

www.libeyrouth.com

 

Pensez-vous que cette situation va amener à un changement ? et si oui, comment ?
Laquelle de ces situations ? Le confinement mondial et ses multiples répercussions sur le collectif humain de notre planète à tous les niveaux? La confiscation des biens économiques de la population libanaise et la menace du «hair cut» ou du «trimming» économique local? Les défauts civiques et civils qui font surface de plus en plus et appellent à correction avec une urgence encore plus pressante que jamais? L’incubation des manifestations à effets révolutionnaires et qui bouillonnent à petit feu derrière la barrière imposée telle une limite par le confinement ? Les personnes âgées sans aucun refuge ou soutien, les familles et les enfants dans le besoin, les travailleurs au chômage, les artistes sans aucune structure de subvention ou de support… qui se sont retrouvé.e.s sans aucune source de rentrée leur garantissant le minimum de dignité dans leur propre pays…la mendicité ? les réfugié.e.s ? Les victimes des violences de toute sortes, d’ici et d’ailleurs, dans les pays avoisinants du Liban et ailleurs?... 

Le confinement est venu mettre en lumière et souligner les failles de ces dysfonctionnements et de cette absence aberrante dont la population mondiale et libanaise souffrent depuis des années déjà.

 

Les séismes sont signe de vie. Heureusement.

«Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas encore.» Épictète

«Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement» Bouddha.

En espérant que ces changements imperceptibles actuellement, locaux et internationaux, iront telle une flèche ascendante, toujours et encore vers le respect des droits de l’enfant, de la femme et de l’homme, et de tout être vivant sur notre planète, en faune et flore.

Comment ?

En respectant et en prenant un meilleur soin de la vie qui est en chacun.e de nous, et qui anime la splendeur de tout ce qui est. Et de l’environnement. Nous en sommes tous.tes responsables, individuellement et collectivement.

 

De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?

Il est dur ce quotidien.

Ambivalent.Variable. Créatif. Contemplatif. Humoristique. Rêveur. Musical. Introspectif. Dérangeant. Frustrant. Reposant. Désespérant. Lassant. Fatiguant. Ressourçant. Déstabilisant. Ennuyant. Divertissant. Inspirant. Observant. Étrange. Neuf. Intéressant.

Jamais vécu auparavant. Une épreuve.

J’essaie, dans la mesure du possible, de «surfer» sur cette immense vague de terrorisme viral qui envahit le monde à tous les niveaux, éveillant toutes les insécurités et les incertitudes.

Tout en reconnaissant le désastre qui arrive, je vis cette pause, je l’accepte, je la digère, je la «survis», je crée mon propre petit radeau de sauvetage, mes rituels de vie quotidienne qui me font plaisir et m’inspirent à moi et à ceux qui me sont proches, et me permettent de garder un bon contact avec la réalité de la vie quotidienne, malgré l’absurdité de cette paralysie générale et tout ce qu’elle a remué. Cette bombe virale et silencieuse. Je prends soin de ma santé physique et mentale, mon hygiène relationnelle, je m’accroche et je me nourris de l’espérance qui anime la vie et ma foi en ce magnifique printemps.

'La Grande Vague de Kanagawa' de Hokusai

Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Ma liberté.

Ma libre connexion avec autrui, avec l’espace, la nature. Mes liens réels.

La société réelle.

 

Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?

La pression violente, et le stress que le système génère et perpétue.

Pourquoi ne pas remettre le système en cause afin de l’améliorer?

Éducatif, économique, bancaire, hospitalier, académique, relationnel…

Ce virus a pu arrêter la totalité de la machine du système mondial en un clin d’œil.

Notre désir afin de rendre le monde meilleur ne peut-il pas régner ainsi?

Apprendre aux enfants ce qui leur servira à perpétuer un monde de non-violence qui à son tour impactera le bien-être général? Refuser les armes et la violence physique et verbale comme étant une solution à n’importe quel problème, développer les outils et les alternatives qui pourront prendre la place à ces langages désuets de la violence et du pouvoir, du système dominant/dominé. Choisir et privilégier collectivement la parole, la communication relationnelle, la création de solutions pour résoudre ensemble les problèmes qui arrivent - au lieu de vouloir anéantir autrui afin d’être au pouvoir et dominer.

 

Des enfants meurent à l’instant dans un pays si proche, et des adultes, assassiné.e.s.

Des jeunes et des adultes de mon pays, meurent à l’instant pour défendre leurs droits civiques et civils, meurtris, martyrisés.

 

Tout est permis.

 

Jusqu’à quand nourrir un système dont les rouages anéantissent l’humain, génèrent souffrance, et multiplient la mythologie qui incite à la consommation compulsive individualiste, qui rend malade. Ce système qui délie pernicieusement les hommes de ce qui les entoure: imperceptiblement, il coupe les liens qui humanisent et permettent une harmonie entre les humains, leur écosystème et la planète qu’ils.elles habitent.

Il rend aveugle.

Ce système ne me manque pas. Les guerres de toutes sortes, étant son apanage.

Un autre virus est déjà là, depuis des siècles déjà. Mais pas d’arrêt. La chasse au pouvoir. La famine. Les guerres imposées. Les guerres créées. Les guerres inventées. Infligées. Conjuguées. Les attentats. L’esclavage de toute sorte. Les massacres. Les génocides. Le racisme. La discrimination. La stigmatisation. Les armes chimiques. Les expérimentations nucléaires.

Lequel est plus virulent ? Ces créations humaines ou bien Corona ?

 

Jusqu’à quand ?

 

L’air de Perlimpinpin de Barbara retentit à mon âme en écrivant ces petites confessions. Écoutez en contemplant les paroles de cette chanson qui date de 1972, si cela vous dit, si vous aimez Barbara : 

«Pour qui, comment quand et pourquoi?

Contre qui? Comment? Contre quoi?

C'en est assez de vos violences.

D'où venez-vous?

Où allez-vous?

Qui êtes-vous?

Qui priez-vous?

Je vous prie de faire silence.

Pour qui, comment, quand et pourquoi?

S'il faut absolument qu'on soit

Contre quelqu'un ou quelque chose,

Je suis pour le soleil couchant

En haut des collines désertes.

Je suis pour les forêts profondes,

Car un enfant qui pleure,

Qu'il soit de n'importe où,

Est un enfant qui pleure,

Car un enfant qui meurt

Au bout de vos fusils

Est un enfant qui meurt.

Que c'est abominable d'avoir à choisir

Entre deux innocences!

Que c'est abominable d'avoir pour ennemis 

Les rires de l'enfance!

Pour qui, comment, quand et combien?

Contre qui?

Comment et combien?

À en perdre le goût de vivre,

Le goût de l'eau, le goût du pain

Et celui du Perlimpinpin

Dans le square des Batignolles!

Mais pour rien, mais pur presque rien,

Pour être avec vous et c'est bien!

Et pour une rose entr'ouverte,

Et pour une respiration,

Et pour un souffle d'abandon,

Et pour ce jardin qui frissonne!

Rien avoir, mais passionnément,

Ne rien se dire éperdument,

Mais tout donner avec ivresse

Et riche de dépossession,

N'avoir que sa vérité,

Posséder toutes les richesses,

Ne pas parler de poésie,

Ne pas parler de poésie

En écrasant les fleurs sauvages

Et faire jouer la transparence

Au fond d'une cour au murs gris

Où l'aube n'a jamais sa chance.

Contre qui, comment, contre quoi?

Pour qui, comment, quand et pourquoi?

Pour retrouver le goût de vivre,

Le goût de l'eau, le goût du pain

Et celui du Perlimpinpin

Dans le square des Batignolles.

Contre personne et contre rien,

Contre personne et contre rien,

Mais pour une rose entrouverte,

Mais pour une respiration,

Mais pour un souffle d'abandon

Et pour ce jardin qui frissonne!

Et vivre passionnément,

Et ne se battre seulement

Qu'avec les feux de la tendresse

Et, riche de dépossession,

N'avoir que sa vérité,

Posséder toutes les richesses,

Ne plus parler de poésie,

Ne plus parler de poésie

Mais laisser vivre les fleurs sauvages

Et faire jouer la transparence

Au fond d'une cour aux murs gris

Où l'aube aurait enfin sa chance,

Vivre,

Vivre

Avec tendresse,

Vivre
Et donner Avec ivresse!»

 

Cette chanson m’est revenue, elle me paraît encore plus d’actualité que jamais.

Et aujourd’hui, encore plus que jamais, je m’engage à embellir le monde par la création artistique, et le travail psycho-social sur le terrain, tout en continuant le travail sur moi-même. 

 

Finalement, est-ce que ce système s’est réellement arrêté pendant ce confinement pour qu’il ne me manque plus?

Ou bien, a-t-il profité de cette pause/prison virtuelle, pour prendre un pas en avant sur l’espérance en l’humain et en son avènement?

 

Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lectrices et nos lecteurs comme : 

Puisque certaines rumeurs disent qu’il se peut qu’il y ait une deuxième vague de confinement lol, je propose quelques palettes et éventails de suggestions, qui, j’espère, pourront porter plaisir et divertissement à ceux et celles qui les tenterons…

 

Livres

«Le Moi-peau» de Didier Anzieu, «Naître Gagnant» Muriel James et Dorothy Jongeward, le «Psy de Poche» de Suzanna McMahon, «L’intelligence émotionnelle» de Daniel Goleman, «Théâtres du corps» Joyce McDougall, «Pour ne plus vivre sur la planètre TAIRE» Jacques Salomé, «Que se passe-t-il en moi ?» Isabelle Filliozat, «Rhinocéros», «La leçon» de Ionesco, «Le balcon» de Jean Genet, «Le roi est le roi» de Saadallah Wannous, «Le pouvoir du moment présent» Eckhart Tolle, la Bible, les bandes dessinées de Gotlib, «Nour, entre ombres et lumière» de Randa Sadaka, les œuvres pour jeunesse et tout public de Dar Onboz de Nadine Touma et Sivine Ariss, «Histoires à ne pas lire la nuit» de Hitchcock.

 

Œuvres musicales

Les “Goldberg variations” - Glen Gould joue Bach, la Passion selon St Matthieu de Bach, toutes les œuvres de Bach, de Stravinsky, Keith Jarret, les Rita Mitsouko, Pink Martini, Gainsbourg, le monde musical de Zeid Hamdan, le monde musical de Marcel Khalifé, de Yolla Khalifé, de Rami Khalifé, Arvo Part, Soeur Marie Keyrouz, Feyrouz, Philippe Catherine, Ariana Grande, Deuter, Philippe Glass, Nathalie Dessay, «Ya reytné 3asfour» et les compositions de Sivine Ariss de la maison d’édition Onboz ainsi que leurs contes audio interprétés par Nadine Touma, l’œuvre musicale de Manos Hadjidakis, Ravi Shankar, Nouvelle vague, Rumer, Datevik Hovanesian, Karen Young …

 

Podcast ou youtube à suivre

«Zyara» par Home of Ciné Jam de Muriel Aboulrouss et de Denise Jabbour. Des documentaires inspirés de la vie quotidienne, poèmes visuels et cinématographiques sur la vie, sur la résilience.

Facebook, Youtube Channel

 

App à télécharger sur son téléphone

Les apps qui offrent des programmes d’entrainements sportifs sans matériel requis, yoga etc… gratis.

Les apps de mindfullness, de méditation.

 

Recette de cuisine

À l’origine du pain : le pain sans levain.

150g de farine

1 ∕4 cuillère café sel

60 à 80ml d’eau.

 

Pétrir jusqu’à obtention d’une pâte. Laisser reposer pendant une heure. Fariner le plan de travail, rouler la boule en boudin, le couper en quatre parties égales. Façonner en des disques de 2mm d’épaisseur.

Sur une poêle antiadhésive chauffée préalablement, cuire chaque côté du pain pendant 2 à 3 minutes.

 

Le cinéma

«Battle Royale», Kinji Fukasaku.

«Amores Perros», Alejandro González Iñárritu.

«Nostalghia» et tous les films d’Andrei Tarkovsky.

«Pillow Book» et toute l’œuvre cinématographique de Peter Greenaway.

«Persona» et toute l’œuvre de Ingmar Bergman.

«Holy Motors», Leos Carax.

«Nahla» de Farouk Baloufa.

«Color of the pomegranate», Sergei Parajanov ainsi que toute son oeuvre.

«Lord of the Flies», Harry Hook.

«1984», Michael Radford d’après le roman de Georges Orwell.

«Brazil», Terry Gilliam.

«Ya omri» de Hady Zaccak, «Mercedes» et «Une Leçon d’Histoire».

L'oeuvre cinématographique de Maroun Baghdadi

«Héritages» de Philippe Aractinji.

«Ernest et Célestine», Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner.

«Amour», Michael Haneke.

«Des hommes et des Dieux», Xavier Beauvois.

«Capharnaum» de Nadine Labaki, « Caramel » et « Halla2 lawen? ».

«Dogville», Lars Von Trier et son œuvre cinématographique.

«Barbarella, queen of the galaxy», Roger Vadim.

«Paradise Now», Hany Abu-Assad.

«Balle perdue», Georges Hachem. 

 

Des créations de danse filmée

«Le sacre du printemps» de Pina Bauch, ainsi que toutes ses œuvres, «Café Muller», Barbe Bleue » etc... Les œuvres de Maguy Marin, «Le concert» de Jérôme Robbins, dansé par l’Opéra de Paris...

 

La pratique de travaux manuels

Peinture, modelage, origami, découpage, collage, pâte à sel, tissage, macramé, tricot, batik, vitrail etc… 

 

La pratique du Qi gong, du Tai-Chi, de la méditation, des exercices de «pleine conscience» (Mindfullness), des exercices de respiration abdominale profonde, des automassages et massages… Ce sont des disciplines qui ne requièrent l’usage d’aucun matériel, et qui amènent beaucoup d’apaisement pour celle ou celui qui désire les pratiquer.

 

Un mot d’encouragement 

1. Je témoigne, je valorise et je reconnais ce magnifique sens d’entraide, de fraternité et d’empathie entre citoyen.nes libanais.es, qui ne cessent pas de se soutenir mutuellement afin de pallier aux manques étatiques en cette crise et ce temps de grandes difficultés et de conflits. Merci pour toutes ces grâces. 

 

2. Quelques mots clefs d’encouragement : Patience. Espérance. Persévérance. Adaptabilité. Humour. Désir. Rêve. Tendresse. Foi. Amour. Accepter. Faire face. Créer. Respirer. S’occuper de soi et de ceux qu’on aime.

 

3. Chacun.e d’entre nous est riche de ressources et pourra trouver en lui-même sa source d’encouragement qui l’aidera à mieux s’adapter et à surmonter cette phase difficile, paradoxale et très ambivalente.

 

4. Parlez de ce qui vous dérange ! Sortez-le de vous, dessinez-le ! Posez des mots sur votre vécu… Déployez votre créativité et employez votre imagination pour «surfer» sur cette vague virale mondiale, qui finira bien par passer, malgré son immense dimension, sa lenteur et sa lourdeur… Et au besoin, des centaines de travailleurs dans le paramédical sont là à votre écoute et vous accompagnerons vivement afin de franchir ce cap difficile, comme ils se font accompagner eux-mêmes au besoin! Vous n’êtes pas seul(e)s !

 

Et pour celles et ceux qui aimeraient se décharger un peu des tensions cumulées en ces temps-ci :

5. «Quand le monde va mal». 

Un petit exercice d’art-thérapie de Cécile Filliette* (peintre et art-thérapeute française) qui pourrait-être très amusant et libérateur à faire pendant ce confinement.

Vous aurez besoin d’une feuille blanche normale d’écriture ou de dessin, peinture, crayons de couleur etc… selon ce qui est disponible chez vous…ensuite vous n’aurez qu’à suivre les instructions ci-dessous : 

«Vous avez vu des scènes de guerre épouvantables à la télévision ou dans un journal les ravages de telle ou telle catastrophe naturelle, des villes entières dévastées, des vies humaines blessées…» Éventuellement, toutes les scènes rattachées à Corona, aux funérailles en masse, au confinement… 

«Libérez-vous de la colère et de la tristesse que vous ressentez sur le support que vous avez choisi. 

Collez des pages de journaux récents, ajoutez des couleurs en peinture… 

L’idée est de 'vider' ce trop-plein, alors ne lésinez pas: déchirez, jetez des encres, de la peinture sur le journal, barrez, recouvrez…

Cet exercice permet de canaliser ces émotions douloureuses pour les déverser sur le papier et, ainsi, vous en débarrasser.»

Le but n’est pas de peindre un tableau, et d’obtenir un résultat esthétiquement beau en finalité. Sans aucun jugement, laissez-vous aller à l’expression et au déversement de ces émotions lourdes qui vous remplissent, pour vous en décharger un peu. Prenez plaisir à laisser travailler vos mains… Et si jamais le résultat sera beau, vous pourriez peut-être l’encadrer, ayant ainsi, sublimé ces émotions dérangeantes en une petite œuvre d’art contemporain ;))) 

 

Bon confinement !

 

*«Dessine ta vie», Cécile Filliette, éd.Dessain et Tolra, 2017.

 

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