Anna Bondavalli Ward : ‘‘Rome et Beyrouth sont deux villes aux plusieurs passés et aux multiples vies’’
08/10/2019
Comment vous est venue l’idée de faire votre premier livre ?
Depuis de nombreuses années, avec un plaisir sans cesse renouvelé, j’effectuais des balades photographiques dans cette ville extraordinaire qu’est Rome ; ce joyau aux mille facettes. Ces promenades représentent pour moi à chaque fois une redécouverte de la « Ville Éternelle ». Les émotions suscitées par les divers sujets que mon œil capte avec un regard à la fois fusionnel et détaché, résonnent au plus profond de mon être. Ils trouvent probablement leur écho dans l’amour pour l’Art et l’Histoire insufflé par mes parents dès mon enfance. Dans les prises de vue, cet amour interagit naturellement avec la Beauté intemporelle juxtaposée à des moments intenses et fugitifs de la vie moderne.
Avec le temps, j’ai ressenti le besoin et l’envie de partager ces images, chargées de mes propres émotions, conférant ainsi à ces lieux et à ces moments privilégiés, une illusion d’immortalité.C’est ainsi que l’idée de l’ouvrage est née.
Pourquoi avoir choisi d’intituler votre livre « ROMÆ », version latine du nom de la capitale italienne, plutôt que son appellation commune « Roma » ou « Rome » ?
Le génitif Romæ signifie en latin « de Rome » ; cet ouvrage dévoile, comme un regard intime et introspectif, des images insolites et inédites de cette ville.
Le mot latin nous rappelle aussi le langage du peuple romain qui habitait ces lieux et le côté à la fois intemporel, culturel et immortel de la « Ville Éternelle ».
Les petits textes jalonnant cet ouvrage sont rédigés en trois langues (anglais, français et italien) afin de permettre une ouverture internationale à ce projet.
Ce titre fédérateur exprime en même temps la fusion des mots Roma et Rome. Ainsi, à l’image de la ville qu’il raconte et qu’il représente, cet ouvrage est à la portée de tous ceux qui désirent mieux la connaître.
Après 25 ans de vie au Liban, quel regard portez-vous sur l’Italie et sur Rome en particulier puisque « tous les chemins mènent » à la « Ville Éternelle » ?
L’extérieur s’est inextricablement fondu avec des nuances intérieures (Inner Shades), dans une relation intime, capturée dans des images qui racontent l’ « urgence » d’exprimer un profond ressenti, comme lors de retrouvailles inattendues. Le regard qui en est issu est forcément différent (Un nouveau regard) beaucoup plus intime (Sguardi intimi) que celui de touristes de passage ou d’habitants de la ville qui ne se sont pas éloignés du pays pendant de nombreuses années.
Selon vous, existe-t-il des points communs entre les villes de Rome et de Beyrouth ?
Rome et Beyrouth sont deux villes aux plusieurs passés et aux multiples vies. L’éphémère et l’immuable, le transitoire et l’immortel cohabitent dans leurs ruelles au rythme des pulsations de leurs habitants.
Pour les découvrir sans dénaturer leur essence, j’ai appris à m’y approcher avec beaucoup d’humilité, en silence, me laissant « saisir avant même de saisir » par mon émotion et par mon objectif (bien subjectif !).
Je suis pleinement consciente que ma Rome, comme mon Beyrouth, coexistent d’abord et inextricablement dans mon histoire personnelle, et s’impriment dans ma propre identité, laquelle peut devenir un intéressant mélange des deux cultures.
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