L’illustratrice et écrivaine libanaise Lamia Ziadé, déjà connue pour ses romans graphiques dans lesquels se mêlent souvenirs et archives (Bye Bye Babylone (2010), Ô nuit, Ô mes yeux (2015), Ma très grande mélancolie arabe (2017), publie, huit mois après l’explosion au port de Beyrouth, un nouvel ouvrage, entre carnet intime et reportage.
Cauchemardesque, irréel. La nouvelle tombe, par écrans interposés, via Whatsapp où les vidéos affluent. Toutes plus dures les unes que les autres. Beyrouth, ravagée, anéantie.
Rapidement, Instagram s’impose comme la source d’information principale, avant la presse, moins rapide. Les témoignages se multiplient, font vivre les événements par procuration à l’autrice et illustratrice qui vit au rythme de ces nouvelles.
Lamia Ziadé s’attèle à la réalisation d’un nouvel ouvrage qui s’impose à elle. Simultanément, elle organise ses recherches, dessine et commence à écrire. Elle restitue la stupeur, puis la colère, renvoie les événements aux souvenirs qui lui reviennent, de son Beyrouth, de son port, de la révolution et de la guerre, aussi. Une maquette se dessine, au gré des nouveaux bilans, des nouvelles découvertes.
Dans Mon port de Beyrouth, chaque personne dessinée est expressément incarnée. Un devoir de mémoire envers ces victimes que l’histoire a fait héros. L’autrice fait le choix de reprendre en dessins les photos qui circulent en masse sur les réseaux sociaux et qui, au fil des jours, deviennent le symbole de la souffrance collective des Libanais. Parmi ces portraits, celui de Sahar Fares revient, du début à la dernière page du roman. La jeune femme de 24 ans, secouriste et pompier volontaire, est de ces victimes qui a ému le tout Liban. Sa beauté, sa vraisemblable sympathie, sa palpable humanité s’imposent à l’auteur qui en fait l’icône de cette catastrophe.
Écrit sur le vif depuis Paris, Mon port de Beyrouth est un cri du coeur à la mémoire des témoins, victimes, héros de la tragédie qui restera traumatisme pour nombre de Libanais.










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