Alors que ‘Dîner de famille’, pièce qu’il a co-écrite et dont il joue le rôle principal, triomphe à Paris, Joseph Gallet parle avec l’Agenda culturel de ses envies, de ses projets et du Liban qui est dans son cœur.
Comment êtes-vous ‘tombé’ dans le théâtre ?
Un hasard a déterminé toute ma vie. Alors que j’étais en 6e au Collège La Fontaine, quelqu’un est entré dans ma classe en disant qu’il avait besoins d’élèves pour une représentation spéciale en l’honneur du tricentenaire de la mort de Jean de La Fontaine. J’ai levé la main sans réfléchir. J’avais 11 ans et je ne savais pas que je définissais là toute ma vie.
Que s’est-il passé ensuite ?
Tout de suite après, j’ai été recruté pour jouer un enfant dans la pièce de Bertold Brecht, ‘Mère courage’, et au fil des années j’avais des rôles de plus en plus importants. C’est pendant ces années collège et lycée que j’ai développé mon amour du théâtre et mon esprit de troupe. Au fil du temps le public a commencé à s’élargir et à dépasser le cercle de la famille et des amis.
Y’a-t-il eu un déclic ?
Oui absolument. Alors que j’étais en voiture avec mes parents, après la pièce de Brecht, un homme et sa famille s’approchent de moi et me disent ‘Bravo et merci’. Qu’avais-je fait exactement ? Je n’avais fait que m’amuser après tout ! Et cela leur avait donné du bonheur ? A 11 ans cet incident m’a marqué et a débloqué quelque chose dans ma tête. Je n’oublierai jamais ce monsieur à travers la vitre.
Que type de répertoire avez-vous joué pendant ces années ?
C’était très varié. Cela pouvait aller de Pagnol à Guitry, Feydeau, Goldoni, Vian, Brecht …
Comment vous est venue l’écriture ?
Au fil du temps, avec mes co-équipiers, nous avons commencé à rajouter des petites ‘vannes’ sur les textes que nous jouions et nous avons remarqué que cela plaisait beaucoup. Nous faisions mouche. Il est même arrivé qu’un auteur vienne voir une pièce que nous avions un peu ‘retouchée’ et cela lui a beaucoup plu. C’était René de Obaldia pour la pièce ‘Du vent dans les branches de Sassafras’ Donc l’écriture s’est imposée naturellement. Et aujourd’hui je suis l’auteur ou le co-auteur de 17 pièces.
En parallèle à cette intense vie théâtrale vous avez fait des études de droit ?
Oui j’ai fait un Master 2 de droit de la propriété intellectuelle et j’ai passé avec succès l’examen du barreau. Cela m’a beaucoup aidé dans ma façon de construire une réflexion. C’était aussi un peu un défi, histoire de se dire que je ne faisais pas du théâtre par défaut ! Et puis quand l’angoisse d’une représentation est neutralisée par l’angoisse d’un examen et vice versa, cela donne de la relativité aux choses !
Quelle a été l’étape suivante ?
L’année du Master 2 j’ai intégré le cours Simon. Tout s’est enchaîné. Après avoir achevé le cursus de trois ans, j’ai embrayé avec le festival d’Avignon où j’ai rencontré un producteur qui a produit une pièce à Paris et c’est ainsi que je rentré dans le circuit des comédiens et auteurs qui gagnent leur vie en jouant et en écrivant.
Vous avez également lancé une chaîne internet ?
Oui le ‘Mug club’ et j’y crée deux à trois sketchs par mois Nous sommes un collectif (comédiens, auteurs, techniciens) et nous présentons un travail de qualité tout en gardant un contrôle sur la ligne éditoriale. Il s’agit plutôt de petits formats qui peuvent tourner autour de très nombreux sujets
Parlez-nous de ‘Dîner de famille’ et de l’expérience de la co-écriture de la pièce
Il n’y a pas de règle générale pour la co-écriture. Je la pratique énormément et cela peut se passer ensemble ou bien chacun de son côté. Avec Pascal Rocher, nous avons co-écrit ‘Diner de famille’ et nous avons commencé par discuter énormément, ensuite chacun s’est isolé pour écrire.
‘Dîner de famille’ est une pièce à laquelle chacun peut s’identifier. C’est une comédie, mais qui traite de sujets graves : la relation parent-enfant, le couple, l’identité, le rôle de la télévision etc. Le même sujet aurait pu être traité dans un film d’auteur de façon dramatique mais nous avons choisi l’humour.
Quel est votre rapport au Liban ?
Affectif et essentiel. Ma maman est libanaise et le Liban représente toute mon enfance. Ma grand-mère maternelle me parlait en libanais et je lui répondais en français. Le Liban est dans mon cœur et la France est dans ma tête. Jouer une de mes pièces à Beyrouth est l’un des rêves de ma vie.
A savoir
Mug club
'Diner de Famille'
Tous les soirs à 19e au Théâtre Edgar (Paris 14e)
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