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Rencontre avec Manal Khoder

17/06/2019

Dar el-Nimer abrite du 12 juin au 27 septembre La Mer Patrie, une exposition qui rassemble une cinquantaine de photographies et une installation pour mettre en relief un moment décisif de la cause palestinienne. Manal Khoder, la curatrice de l’exposition fait le point. 


Présentez-nous l'exposition La Mer Patrie.
Le sujet de l'exposition est le départ de l'OLP de Beyrouth, le voyage à bord de l'Atlantis, l'arrivée à Tunis, puis le retour à Gaza dans les limites de l'accord "Jericho-Gaza First". La seule idée qui revient incessamment en étudiant les archives de Fouad Elkoury et de Jeremy Peacock - et c'est pourquoi elle est mise en exergue dans l'exposition - est la façon à partir de laquelle les Palestiniens s’incarnent dans leur représentation. Nous savons que la cause palestinienne en exil n’a été représentée que par quelques images symboliques : la kufiya, la kalachnikov, les combattants et les camps. Après avoir jeté un coup d’œil et regardé les photos qui ont été prises en Palestine, nous avons trouvé une grande différence. Le côté libanais des archives semble correspondre à la manière dont les médias internationaux décrivent les Palestiniens, alors que les images en Palestine sont beaucoup plus poétiques, chargées de beaucoup d'histoires personnelles, de lieux et de personnes. Encore une fois, avec cette exposition, nous posons la question suivante : dans quelle mesure l’OLP a-t-elle joué un rôle dans la promotion des symboles de la révolution ? 

Parlez-nous de votre travail dans cette exposition.
Cette exposition est le résultat d’une très longue recherche dans les archives de Fouad Elkoury et de Jeremy Peacock. La collection originale comprend environ 10 000 photos. Au départ, il a été difficile de construire une histoire linéaire à partir de ces photographies. Tout d’abord, nous avons examiné, Fouad et moi, de manière générale l’ensemble des archives, puis j'ai fait une sélection d'une centaine de photographies après avoir eu une petite idée de ce que je voulais faire de cette exposition. Plus tard, quand il est devenu évident que l’exposition allait couvrir la période de 1982 à 1995, le sujet est devenu clair. C’est ainsi que la sélection est devenue plus facile : nous avons choisi une cinquantaine de photographies.

Comment avez-vous mis en espace la notion du « retour » des Palestiniens?
Nous interrogeons aussi la notion du « retour ». Nous utilisons le terme entre guillemets pour signaler que cela, en effet, n’a pas été un retour. En visitant l’exposition, quand vous arrivez à la section palestinienne, vous vous rendez compte que le retour n’est pas célébré. Au contraire, tout ce que vous remarquez c’est des personnes tristes qui luttent pour leurs vies, beaucoup de solitude, et aucun signe de célébration. Tout cela pour dire que les Palestiniens ne considèrent pas cela comme un retour, malgré le retour d'Arafat et de l'OLP et de quelques milliers de civils palestiniens. 

Que représente la seule installation dans l'exposition et qu'apporte-t-elle à l'ensemble des photographies ?
C'est une grande installation avec trois écrans géants. Dans cette installation, Fouad interroge ce qu’est la photographie, ce qu’une image peut nous dire et si elle nous raconte une seule histoire. En effet, il essaye de dire qu’une image est quelque chose de très stratifié. Elle peut raconter de nombreuses histoires et peut même en dire davantage lorsque nous ajoutons du texte, de la musique ou lorsque nous la mettons en dialogue avec d'autres images. Cette installation ne se limite pas à la cause palestinienne. Elle reflète la manière dont Fouad lui-même a expérimenté le monde, sa déception en politique et en humanité. Mais ce mécontentement est devenu un espoir ressenti avec les débuts du printemps arabe. Cette installation est basée sur un poème d'Etel Adnan et Shirin Abu Shaqra en a composé la musique originale.


'La Mer Patrie' de Fouad El Khoury et Jeremy Peacock
Dar el-Nimer
(01) 367013
Jusqu’au 27 septembre 2019
 

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