C’est peut-être une impression. Un désenchantement qui accompagne l’âge. Ou une intox d’infos. C’est le temps maussade en été et l’hiver qui s’amuse aux rallonges. Mais le premier mai, la fête du printemps, du muguet, des travailleurs joyeux… Disons que c’est une image délavée, décalée, démodée.
On pourrait me trouver rabat-joie. Mais faut croire que je ne suis pas la seule. Tenez par exemple la célèbre Jean Tweng, professeur de psychologie à l’université de San Diego, auteur de IGen (La génération des smartphones), notait dans le Times du 1er avril, que le taux de dépression des 14-17 ans aux Etats-Unis a grimpé à plus de 60 % de 2009 à 2017…
On ne pourra pas dire alors que ma chronique est pessimiste.
En fait, je me suis toujours demandé pourquoi on se cache derrière le mot pessimisme pour ignorer la réalité. Quelle est la limite entre ces deux concepts ? Mettre des lunettes noires plutôt que roses ? Avec ces dernières, ne verrons nous plus les Mozambicains, décharnés sur le bord de la route, sans un toit, ni même une branche d’arbre pour leur servir d’ombrage, affamés, s’abreuvant à même les eaux sales et crevant comme des mouches, minés par le sida, suite à cet ignoble cyclone Idai qui a ravagé leurs terres à la mi-mars ? Si je considère le verre moitié rempli plutôt que moitié vide, devrai-je faire mine aussi d’ignorer que les médias ont occulté de rebondir sur le nouveau cyclone Kenneth qui vient de s’abattre (ce 29 avril) sur ce pauvre pays démuni et qui a endommagé plus de 35 000 habitations, détruit plus de 30 000 hectares de plantations et qui menace plus de 200.000 personnes ?
En fait, plus on ignore un malheur, plus une situation grotesque est caricaturale, plus une goujaterie est banalisée, plus une anomalie est codifiée, plus la financiarisation de l’économie atteint un nouveau record, plus je ressens le besoin de réagir, de protester, de résister, de prendre ma plume et de dénoncer.
Probablement alors que le 1er mai, la fête du travail, celle qui célèbre le combat des travailleurs au XIXème siècle pour obtenir la journée de huit heures demeure en quelque sorte un rappel à l’ordre : Rester vigilants et ne jamais oublier que « Qui ne dit mot consent » et que « Le silence est le cousin de l’approbation ».
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