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Rencontre avec Kamal Hakim

01/01/2019

Kamal Hakim a aujourd’hui 38 ans. Il y a trois ans, il publiait aux éditions Alba sa première BD, Le temps des Grenades. Issu d’un milieu intellectuel, il étudie après l’obtention de son baccalauréat les sciences politiques à l’AUB, avant de partir au Canada poursuivre des études en animation. De retour au Liban, il s’inscrit à L’Académie Libanaise des Beaux-Arts et obtient une maîtrise en illustration. Cette double identité qu’il s’est forgé au fil des ans, entre pensée politique et art visuel, entre engagement et dessin, permet de mieux cerner cet artiste talentueux qui a été choisi par l’Agenda Culturel pour illustrer le nouveau calendrier de parution 2018/2019.


Qu’est-ce que tu dessines ?
Je dessine beaucoup de choses différentes. Je suis obsédé par le costume palestinien. J’adore les symboles : à travers la broderie palestinienne on peut découvrir beaucoup de choses. J’avoue être influencé par l’art byzantin. Je fais aussi des aquarelles, des gouaches; j’aime les portraits avec une idéologie derrière, les icônes, l’art nouveau, Marx, la Marie-Madeleine transformée en poupée… J’essaye de ne pas me cantonner à un style. Je ne veux pas trop émuler ce qui a été fait en occident : on a quand même notre propre patrimoine. Je dirais que je cherche à travers mon dessin à réinvestir le patrimoine oriental sans pour autant être orientaliste. Et à côté de tout ça, mon gagne-pain c’est le dessin de jeunesse.

En 2018, quelle est la place de la BD dans la société libanaise ? Qu’est-ce qu’elle peut apporter ?
La société aujourd’hui va très mal, il y a une crise endémique, il y a une crise de système. Notre élite est irresponsable et la classe moyenne est incapable de se mobiliser. Il y a une déconnexion entre le discours politique, la société civique et le peuple. La BD là-dedans, c’est le divertissement, son rôle c’est d’amuser. Il faut réussir à faire ce que Charlie Chaplin a fait pendant la crise de 1929, c’est-à-dire raconter de manière ludique un moment de crise profonde. La vrai vocation de la BD c’est de parvenir à raconter le sérieux d’une manière frivole, ne pas trop se prendre au sérieux. Il faut travailler le contenu, l’humour, c’est là qu’il y a une place à gagner pour cet art. 

Tu as publié en 2015 ta première BD, Le temps des grenades. Pourrais-tu nous en parler ?
C’est une histoire de famille, mon oncle qui se fait assassiner en 1982 pendant le siège israélien. J’essaye de raconter l’histoire d’une certaine gauche libanaise francophone. L’idée est d’enclencher un débat entre la génération des soixante-huitards de nos parents et notre génération qui est beaucoup plus apathique, beaucoup plus cynique par rapport à certains discours. 

Dans ta conception des choses en tant qu’artiste, la présence de l’histoire et de la politique sont inextricables ? 
Absolument, je suis toujours dans une démarche historico-politique. Mon frère est prof d’histoire, ma mère est archéologue. A l’âge de 10 ans, on ne regardait pas des Walt Disney à la maison, c’était plutôt mythologie gréco-romaine et égyptienne…Et aujourd’hui, en plus de dessiner, je travaille avec les réfugiés syriens. Je suis actuellement consultant pour une ONG qui s’appelle MEDER, je travaille dans la Békaa. Il y a deux ans je travaillais pour Solidarité Internationale. 

Quel était ton rôle dans ces ONG ?
Pour Solidarité Internationale par exemple, c’était un travail un peu journalistique. J’allais sur place pour récolter des histoires. Par exemple, je me suis retrouvé dans le Akkar, une des régions les plus pauvres du pays, là où un fou a décidé de construire une tour de luxe avec restaurant rotatif. En 2011, tous les réfugiés syriens qui fuyaient le début de la guerre sont venus s’installer dans cette tour. Solidarité s’est occupé de l’assainissement de l’eau par exemple. Je suis resté trois mois là-bas armé d’un crayon et d’un calepin pour raconter ce qu’il se passait. 

Quand as-tu commencé à faire de la BD et pourquoi ?
Je me suis tombé dans la marmite étant petit ! Plus sérieusement, à l’âge de trois ans j’ai commencé à dessiner. Ma mère déjà adorait reprendre les miniatures perses à la maison et mon père était dans la calligraphie arabe, j’ai baigné là-dedans. 

Pourquoi as-tu choisi de travailler avec l’Agenda Culturel ?
Et bien parce que c’est de la publicité ! C’est une manière de me faire un nom … (rire) L’agenda Culturel est une référence, je le consulte très souvent. Et puis c’est la francophonie libanaise, un monde auquel j’appartiens et dont je me sens très proche. 
 

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