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Rafic Majzoub expose ses œuvres chaotiques dans une rétrospective

11/10/2018|HUGO LAUTISSIER

La galerie Art on 56th, à Gemmayze, accueille "Blueprint 1995-2018", une rétrospective de l'artiste libanais Rafic Majzoub dont certains tableaux n'avaient jamais été montrés jusqu'à présent. Un voyage torturé dans l’œuvre d'une figure marquante de la scène libanaise contemporaine.

"Je pense que j'ai grandi pour devenir le diable", explique Rafic dans l'excellent web-documentaire qui lui est consacré, filmé par la réalisatrice australienne Anne Megalla. Quand nous avons rencontré l'artiste, ses démons semblaient l'avoir repris. Ses souvenirs de sa première exposition à Zico House en 1995 ? Son lien avec cette ville qu'il a quittée depuis ? Ses obsessions ? A ses questions les réponses sont brèves, quand ce n'est pas un "no comment" définitif à chaque interrogation essayant un tant soit peu d'éclairer son œuvre. Pas simple. Heureusement, l’œuvre de Rafic Majzoub parle d'elle-même. Dans cette rétrospective qui couvre la période de ses débuts au milieu des années 90 jusqu'à aujourd’hui, se dessine une œuvre brute et torturée, parfois proche du graffiti, qui n'est pas sans rappeler le travail de l'artiste américain Jean-Michel Basquiat, maître de l'underground new-yorkais. Comme lui, Majzoub est un éternel outsider, attiré par le chaos. Ses autoportraits aux visages anguleux avec des yeux exorbités, aux lignes hésitantes sont l'expression d'un travail introspectif, plein de fragilité que l'artiste a toujours considéré comme thérapeutique. Quel regard porte-t-il sur son évolution pendant ses 20 ans de carrière ? ‘‘Aucun, j'arrive à avoir un regard sur ce que je fais en ce moment, mais je ne réfléchis pas à mes anciens tableaux. Je n'y pense tout simplement pas’’, explique-t-il.

Une figure de la génération post-guerre
Majzoub est né à Amman, en 1971. Il part pour Beyrouth en 1991, juste à la fin de la guerre civile. Sous les gravats d'une ville fantomatique, il trouve une jeunesse qui ne demande qu'à vivre, faire la fête et créer. “Arriver à Beyrouth c'était comme arriver à Disneyland, un Disneyland de la guerre”, explique-t-il dans le documentaire. Il fréquente le bar Uncle Sam, sur Bliss street et rencontre les artistes Flavia et Fulvio Codsi et avec qui il se lie d’amitié et lui mettent le pied à l'étrier. Avec eux et d'autres comme Gilbert Hage, Marwan Rechmaoui, Akram Zaatari, ou Charles Khoury, il va former cette génération d'artistes de la période post-guerre qui a émergé au milieu des années 90. Le marché de l'art, privé de moyen d'expression pendant la guerre connaît alors une ascension fulgurante. Les amateurs achètent, de nouveaux espaces d'exposition ouvrent leurs portes et de jeunes artistes émergent chaque jour dans une atmosphère de fête continue. C'est aussi à cette période que Rafic commence à boire. Une addiction qui le suivra longtemps et alimente son œuvre sur laquelle plane un constant nuage éthylique. Il vit et travaille aujourd'hui à Marseille, autre capitale méditerranéenne, autre ville tourmentée. Un changement qui annonce un virage dans sa carrière ? “Ça change quelque chose, mais je ne sais pas exactement quoi pour l'instant. Ce n'est pas la ville qui change qui tu es. Ou que tu ailles c'est la même chose’’.

Pour en savoir plus, cliquez ici 

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