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Olivier Sauton sur les planches du Monnot

07/11/2023

"J’ai toujours adoré ce que vous faites, je suis un fan".." C'est ce qu'a exprimé Olivier Sauton lors de sa première rencontre avec Fabrice Luchini il y a plus de 25 ans, à trois heures du matin, dans le 9ème arrondissement. À l'époque, il avait 20 ans, fraîchement débarqué d'Angers, sa ville natale, où il avait abandonné ses études de droit à la fac. Après son arrivée à Paris, il s'était inscrit à des cours de théâtre et enchaînait les petits boulots. Après 2à 3 mois, le destin a fait son œuvre : il croisa la route de celui qui allait déclencher sa passion. Sauton se dirigea vers lui, le complimenta et lui demanda de réciter une fable de La Fontaine, marquant ainsi le début d'une nouvelle aventure.

Olivier Sauton débarque au Monnot le 11 octobre pour 4 soirées exceptionnelles. Prix du public du festival d’Avignon 2015, le comédien se mue en un Luchini plus vrai que nature… Il répond aux questions de l’Agenda Culturel.

@Hady Sy

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans cette aventure au Liban ?

J’ai décidé de me lancer dans cette aventure au Liban car j’adore via mon métier découvrir de nouveaux peuples, de nouvelles terres. Le Liban, tout particulièrement, produit une impression puissante sur moi. Je ne connais rien de ce pays et pourtant je l’ai toujours associé (sans flagornerie) à un joyau du Moyen Orient. Une terre magnifique en dépit des innombrables tragédies qui ont touché cette contrée, une vie intellectuelle et culturelle foisonnante ainsi qu’une grande curiosité donc ouverture d’esprit, une élégance aussi et une fascination pour la beauté qui, en tant qu’esthète, ne peuvent que m’interpeller. Ainsi lorsque j’ai eu la possibilité d’y jouer (gratitude éternelle à celles et ceux qui ont rendu cela possible) je n’ai pas hésité une seule seconde. J’avouerai même que de toutes mes dates de tournée que j’ai pu effectuer celles-ci sont les plus excitantes de toute ma carrière  

 

Quelles sont les thématiques ou les messages que vous espérez transmettre au public libanais à travers votre performance ?

Que la culture c’est amusant. Qu’il ne peut y avoir d’esprit sans sourire. Que l’intelligence et le divertissement ne sont pas deux mondes séparés, bien au contraire. Nous ne sommes pas condamnés à être idiots pour rire, à être ennuyeux pour réfléchir. C’est l’une des grandes bêtises de notre temps, l’un des grands crimes intellectuel et populaire : distinguer le ludique de l’instructif. Je voudrai que le public ressente que la culture n’est pas un sacerdoce mais un plaisir. Profond et léger. C’est d’ailleurs ma devise : « profond et léger, comme une note de Mozart »

 

Comment percevez-vous les différences entre jouer devant un public français et un public libanais ? Y a-t-il des ajustements que vous allez faire ? Comment aborderez-vous la diversité culturelle et linguistique du public libanais ?

C’est un honneur pour moi de confronter mes mots au public libanais. Si un jour l’on m’avait dit que mes phrases s’exporteraient aussi loin ! … J’ai hâte que mon texte soit confronté au public de Beyrouth. En jouant pour lui, je vais fatalement redécouvrir mon spectacle que j’ai pourtant écrit en 2013 ! Il est à peu près certain que ses réactions vont me surprendre. Et j’adore être surpris. Mon grand point d’interrogation se porte sur la différence de sensibilité. Les quelques passages grivois choqueront-ils le public libanais ? Les réflexions mystiques recevront elles une écoute apaisée ? Ce n’est pas du tout une inquiétude, c’est juste une inconnue. Et ça me plaît. La diversité de votre pays est telle que je ne sais pas vraiment en fait à qui je vais m’adresser. Et c’est très bien ainsi. J’aime quand le public est composé d’horizons divers, que ce soit l’âge, le sexe, la religion, les opinions. Le théâtre est le seul endroit au monde où vous pouvez mettre au diapason des gens qui croient n’avoir rien en commun.  C’est extraordinaire quand on y pense. C’est pourquoi je ne compte pas ajuster le texte, mais si je peux ici ou là glisser d’aimables clins d’œil au Liban je ne m’en priverais pas.

Quelles sont les principales émotions que vous espérez susciter chez votre public lors de cette représentation ?

J’aime composer mes spectacles pour qu’ils soient riches en type d’émotions. J’ai en horreur les spectacles qui se bornent, par exemple, à faire rire, ou réfléchir. Ou pleurer. Je trouve toujours cela pauvre en définitive. Cloisonné. Ce qui m’apparaît comme étant le contraire de ce que doit être la culture et de ce qu’est la vie. Ainsi j’aime promener le spectateur d’émotions en émotions. Ici le faire rire, là interpeller son esprit critique, et là l’émouvoir, etc. Néanmoins je devais dégager trois grandes familles de sensations que j’essaie de prodiguer dans mon travail ce serait : l’humour (faire rire est une seule est le plaisir orgasmique absolu), l’émotion (quel délice de sentir une larme couler sur sa joue) et l’intelligence (je ne pourrais jamais me résoudre à être le serviteur de la bêtise).

 

Pouvez-vous nous parler du processus de création de votre spectacle et des inspirations qui l'ont alimenté ?

Ce spectacle est né d’une histoire vraie : ma rencontre fortuite quand j’avais vingt ans avec mon comédien français préféré Fabrice Lucchini. Pendant longtemps je ne songeais pas à en faire le point de départ d’un spectacle. Cependant j’ai toujours été dans mon travail fasciné par l’art de transmettre un savoir, comment appâter un être en apparence rétif à la culture, la littérature pour l’ouvrir de manière amusante et passionnée aux livres, aux auteurs. C’est vraiment un leitmotiv chez moi. Parce que c’est l’histoire de ma vie. Je suis venu aux livres tardivement. Puis un jour, Eurêka ! Je me suis qu’avec Luchini je tenais le meilleur personnage de prof qui soit, et c’est ainsi que j’ai décidé de le jouer pour le confronter au petit mec inculte et prétentieux que j’étais à vingt ans. Mais il m’a fallu sept ans pour concevoir l’idée finale. Je suis lent dans mon processus de création. J’ai besoin de laisser mûrir un certain temps.

Votre idée du Liban ? 

Pour moi le Liban est à la croisée de tous les chemins.
Votre pays m’apparaît aussi béni que maudit. Votre peuple aussi riche que complexe. Votre Histoire aussi admirable que tourmentée. Votre territoire est petit à l’échelle du monde et pourtant le monde n’a de cesse d’avoir les yeux braqués sur vous. On a foi en vous. Je crois, j’en suis même persuadé, que le monde entier ne désire qu’une chose : vous aimer d’amour. Car vous imposez le respect. Peu de pays, peu de peuples seraient capables de résister à tout ce que vous avez dû endurer. Votre courage est admirable. Et ce n’est pas la flatterie qui inspire ma réponse. C’est un vrai sentiment d’admiration. Quand je pense au Liban, je pense à l’élégance, l’intelligence, au savoir vivre. Je suis pourtant français mais je vous estime, dans ma fantasmagorie, bien supérieurs à nous dans ces domaines. Vos femmes sont réputées internationalement pour leur féminité, leur classe, leur sensualité. J’associe énormément le Liban (et je ne parle pas évidemment que des femmes) à la beauté. À la sensibilité face à la beauté. Voilà. Pour moi le Liban c’est un pays sensuel. Sensuel et raffiné. Donc gourmand. Tolérant. Comprenant beaucoup et offrant beaucoup. Quand je pense au Liban je pense au sourire malgré toutes les larmes qui jalonnent votre histoire. J’imagine une table où l’on mange bien, où l’on converse bien. Et je vous sais généreux. Même quand vous n’avez plus rien vous donnez tout.

 

Et nous terminons sur une note plus ludique : 

 

Votre plat libanais préféré ? 

Tous ceux que l’on va me faire découvrir durant cette semaine passée chez vous.

 

Un site archéologique que vous avez envie de découvrir ?

La réponse va vous paraître étrange mais je dirai toute la ville entière. Je suis quelqu’un qui marche beaucoup dans les villes. J’en prends ainsi le pouls, j’en hume l’atmosphère. Une rue grouillante m’attire bien plus que de vieilles pierres. Le présent m’intéresse plus que l’Histoire. Cependant je veux aller partout là où les libanais sont prêts à m’emmener. Que ce soit sur les sites historiques ou en boîte de nuit. J’avoue que si chez vous il existe de vieux théâtres antiques j’adorerais y aller ! Le théâtre est mon endroit préféré sur cette terre.

 

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

 

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