Cette mosaïque dite « à la lionne » ornait, au Ve siècle de notre ère, le chœur d’une basilique byzantine mise au jour à Chhîm (Iqlîm el-Kharroub). La quasi-totalité de la basilique, soit la nef centrale, les nefs latérales  et le chœur, était en effet recouverte de pavements de mosaïques essentiellement décorés de motifs animaliers, géométriques et végétaux. Ce panneau rectangulaire de 2m de longueur sur environ  1m de largeur était situé au plus proche de l’abside. Il porte un thème particulier d’une lionne aux mamelles bien visibles. On y voit le félidé bondissant, la gueule entrouverte et l’œil féroce,  les pattes arrière étirées et les pattes antérieures levées.  De belles teintes chaudes apparaissent en dégradé sur la robe de la lionne, l’ocre, le marron, le rouge et le vert, cernées sur le pourtour de l’animal par des bandes plus foncées, notamment de couleurs marron et noire. Le fond de la scène se compose de tesselles beiges, tandis que des bordures rouge et noire délimitent le panneau. La représentation de la lionne fait preuve d’un grand réalisme et témoigne d’une belle qualité d’exécution. 

L’iconographie d’une lionne bondissant appartient habituellement à des scènes de chasse, dans lesquelles un félin suit sa proie. Combats d’animaux et poursuites sont en effet des thèmes de prédilection dans l’art byzantin. Dans ce cas présent, la lionne en mouvement est seule dans ce cadre et en occupe tout l’espace. Par conséquent, le sujet ne correspond pas à une scène de chasse. De plus, située dans le chœur d’une basilique, c’est intentionnellement que cette lionne nourricière est mise en valeur.

Au-delà d’un simple motif animalier, peut-être devrait-on déceler dans cette exceptionnelle mosaïque une signification autre, qui nous échappe aujourd’hui, de l’art des premiers siècles de la chrétienté.  

Mosaïque à la lionne à découvrir au rez-de-chaussée du Musée national de Beyrouth- salle Maurice Chehab.