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Zeina Arida revient sur les 100 derniers jours au Musée Sursock

26/11/2020

Le musée Sursock a été l'un des palais durement affectés par la double explosion du Port de Beyrouth. 

Nous avons tous vu la disparition de ses vitraux, image iconique de la vie culturelle de la capitale. Et nous avons tous frémi. La directrice du musée, Zeina Arida était au musée le 4 aout à 18h07 ainsi que certains autres membres de l’équipe. 

Aujourd’hui le musée panse ses plaies et lance un appel aux dons. Zeina Arida revient sur les 100 derniers jours au Musée Sursock. 

 

 

Racontez-nous les premières minutes après l’explosion. 

On était 4, dans l’antichambre des bureaux, immobiles, plein de poussière blanche, attendant que le bruit de la casse s’arrête, avec en arrière-fond sonore l’alarme du Musée qui demandait d’évacuer le bâtiment… on ne savait pas si c’était un bombardement et qu’il fallait rester caché, ou au contraire s’il fallait sortir du bâtiment. J’avais peur que le bâtiment s’écroule sur nous.

Ma sœur qui était au café du musée m’a dit qu’on était sortis une heure plus tard, moi je ne sais plus. On a traversé les couloirs du Musée comme dans un cauchemar, marchant sur les débris de verres et vitraux, voyant à notre passage des œuvres à moitié tombées, certaines déchirées. Je suis arrivée sur l’esplanade en larmes, partagée entre la rage et le désespoir…

 

Trois mois plus tard où en êtes-vous ?

En chantier… nous avons terminé les rapports chiffrés sur les dégâts du bâtiment, estimés à 3 millions de dollars. Nous avons mis en place le projet de reconstruction sur deux phases, la première phase étant celle de la sécurisation et étanchéisation du bâtiment. Cette phase est en grande partie couverte par une subvention donnée par ALIPH. La recherche du financement nécessaire est en cours. Sur le plan des collections, nous avons d’abord sécurisé les œuvres, fait les constats d’état, et ensuite accompli un travail colossal de dépoussiérage de toutes les œuvres, archives et objets du Musée, même celles se trouvant en réserve, parce qu’une fine couche de poussière s’est infiltrée partout, jusqu’au 4ème sous-sol, et dont il fallait absolument se débarrasser au plus tôt. Nous y sommes parvenus grâce à l’aide de plusieurs équipes de volontaires, formidables de générosité.

 

Comment décrire l'élan de solidarité que le musée a connu ?

Très touchant. Quelque part cette solidarité spontanée qui s’est exprimée était comme un retour envers l’institution, une confirmation de la place que le Musée Sursock a pris dans le cœur et la vie des gens.

 

Vous lancez aujourd’hui un appel aux dons. A qui vous adressez-vous ?

On s’adresse à la fois aux organisations internationales qui sont le plus à même de soutenir le projet de reconstruction du Musée Sursock, vu l’importance des dégâts et les montants que nous devons lever. Nous nous adressons aussi à notre public et notre communauté, pour leur donner des nouvelles, leur dire où on en est, et leur donner la possibilité de soutenir le Musée autant qu’ils peuvent et veulent. En effet, et même s’il y a plein d’autres priorités dans le pays, le sentiment d’appartenance au Musée Sursock ne fait que mettre en lumière notre responsabilité à tous envers cet espace public, protégé avant tout par la communauté et le public même.

 

Comment voyez-vous l'avenir proche ?

J’espère que nos plans de reconstruction du Musée Sursock, de notre patrimoine culturel, et de Beyrouth de manière générale, ne seront pas perturbés par la situation économique, sociale et politique du pays. Qui sait ce que l’avenir nous réserve, qu’il soit proche ou lointain, mais nous reconstruirons, parce que c’est notre responsabilité.

 

Quand pensez-vous pouvoir rouvrir le Musée?

Nous pensons rouvrir le Musée sur plusieurs étapes, à commencer par le restaurant et la boutique qui devraient ouvrir leurs portes dès la fin du confinement. Le chantier à proprement parler devrait durer à peu près 9 mois, si on sécurise le financement sans retard. Et si tout va bien, on ouvrira en novembre 2021, pour célébrer les 60 ans du Musée Sursock.

 

Pour participer à l’appel aux dons, cliquer ici

 

Sursock Museum, 5 August 2020
Photo: Rowina BouHarb
Courtesy Sursock Museum

 

 

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