Magali Katra est une artiste plasticienne diplômée en Arts-Plastiques de l’ALBA. Elle a aussi étudié en France notamment à l’École Normale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et à l’École Supérieure des Arts-Appliqués Duperré. Son travail a été présenté dans le cadre d’exposition individuelles et collectives à Beyrouth, Paris, Genève, Amsterdam, Miami. Elle a créé au cours de sa vie un style graphique très personnel, fait d’encre de chine et d’une kyrielle de silhouettes aux multiples nuances de noir, une couleur qu’elle affectionne particulièrement pour sa complexité : « le noir est une couleur chargée de connotations et de sens différents. Son apparente unicité cache en fait une multitude de possibilités dans son utilisation ». Ces silhouettes puisent leur inspiration dans les croquis et illustrations de mode, mais aussi et surtout dans la fascination de leur créatrice pour le comportement humain. Parfois élancées, parfois frêles, en mouvement ou bien figées, l’aspect de ces silhouettes évolue mais se caractérise toujours par un trait empli d’arrondi et de volupté. Cette énergie présente dans le trait de l’artiste leur insuffle une vitalité saisissante. Elles prennent presque toujours place sur un fond blanc, dont la pureté est travaillée avec rigueur et soin sur plusieurs couches. Rien n’est gratuit dans les compositions de Magali Katra, pas même les espaces laissés vides. Les couleurs, elles aussi, participent à ce jeu d’ombre en noir et blanc, chargées d’un sens qui diffère en fonction du sujet traité et de leur emplacement. Dans sa série de six toiles qu’elle a intitulée Loubnan, un cœur vert en forme de cèdre stylisé reflète l’amour et l’importance que représente le pays pour ses habitants. À l’inverse, le rouge du drapeau est dessiné de manière abstraite, comme un boulet accroché au pied de cette même silhouette : l’amour qui la porte est aussi celui qui l’empêche de bouger.
Bien qu’on leur devine une nature plutôt féminine, Magali Katra pense et peint ses silhouettes sans leur attribuer de genre : « tout cela est une histoire de perception, mon art laisse beaucoup de place à la perception et à l’imagination du visiteur afin qu’il puisse librement s’identifier ou non à ce qu’il voit ». L’exposition possède ainsi un aspect fondamentalement interactif. C’est une forme de partage entre l’artiste et le visiteur qui observe sa toile, qui s’y identifie, qui voit dans les scènes qu’elle peint sa propre expérience. Elle cherche à éveiller ce sentiment de déjà-vu chez le visiteur afin de faire de son exposition une expérience immersive. On ressent dans l’art de Magali Katra une tension constante entre l’abstraction et la figuration, entre la volonté d’offrir une place importante à l’imagination du visiteur et celle de capter avec le plus de justesse possible ces moments de vie quotidienne et intime que l’on connait tous.
Car même si People you may know est une exposition qui parle du Liban, les sujets évoqués par l'oeuvre de Magali Katra n'ont pas de frontière physique. D’un trait fin et aérien elle dépeint les interactions sociales aux fondements de nos sociétés contemporaines. Mais loin d’être une simple description dénuée de tout aspect critique, ces silhouettes reproduisent avec humour et légèreté des stéréotypes dans lesquelles nous sommes nombreux à tomber. Au final, en représentant l’habituel et le quotidien, l’art de Magali Katra pointe du doigt ces rôles qu’il nous arrive de jouer. Ce faisant, son œuvre se comprend comme une ode à la différence et à l’authenticité.
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