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Soraya Baghdadi ou l’infini de la danse orientale… la danse de la vie

10/10/2019|Nicole V.Hamouche

Avec ses yeux océan qui vous happent, son écoute et son mouvement tout féminin, Soraya Baghdadi est une artiste que le pays du Cèdre redécouvre. Ses passages y sont de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Des hauteurs de Amchit où elle réside, elle se gorge de Méditerranée pour ensuite transmettre aux libanais sa passion du mouvement méditatif et du mouvement dansé. Sa passion de l’exploration, à travers le corps, l’expression qui passe par celui-ci mais aussi par l’écriture et les mots pour lesquels, l’artiste, danseuse et comédienne reconnait une grande prédilection. « Homme ou femme, le corps est notre porte d’entrée » dit-elle.  « A partir de celui-là nous allons vers d’autres espaces ». Si le corps est notre « temple » à tous, la danseuse s’intéresse plus particulièrement aux femmes : « comment la femme va-t-elle prendre soin de son temple ?  celle- ci est pour elle comme un chaudron. Elle touille un bouillon de culture qu’elle nourrit de ses émotions, de ses projections, de ses espoirs. La matière est féminine ; l’esprit est masculin. De par son corps, la femme donne  matière ». La danseuse franco-libanaise redonne une autre aura à la danse orientale, et d’une certaine façon de nouvelles lettres de noblesse, celle-ci ayant été quelque peu « noyée dans la pop actuelle des réseaux sociaux ».  Pour Soraya Baghdadi « le corps oriental est un corps qui sait, qui est bien balancé… plutôt que désorienté». Dans «orien-tal», elle veut entendre une orientation : « le mouvement oriental façonne le corps oriental ; c’est un mouvement hautement physiologique ; ainsi, la danse orientale est celle qui respecte le plus le mouvement orien- tal du corps » fait-elle remarquer. 

 

Elle joue/danse au théâtre Monnot cette semaine, dans Sawti, reprise d’un spectacle mis en scène par Chadi el Zein. Yolla Khalifé - qui a également choisi la musique et dont une partie est composée par son mari Marcel et ses enfants -  Nadra Assaf et Soraya Baghdadi se disent en dansant et en parlant ;elles racontent des histoires de femmes en cavale sur un radeau. De femmes qui cherchent à se réapproprier leur corps par la parole et l’altérité ; la sororité…

 

Se réapproprier son corps, c’est s’écouter soi-même. « Le mouvement fait comprendre le mouvement intérieur, si on sait l’écouter » explique l’artiste férue de ce qu’elle appelle la pédagogie perceptive. Dans ce sens, elle souligne qu’« il y a dans le désir de s’occidentaliser, une négation du corps, le refus de se reconnaitre  et paradoxalement au fond, une plus grande  reconnaissance du corps et de ses besoins  dans une société traditionnelle ».  C’est pour mieux écouter celui-ci précisément que Soraya s’est engagée dans un diplôme universitaire en somato-psychopédagogie avec Danis Bois en France, un autodidacte qui a confronté sa méthode aux penseurs et aux philosophes et qui a ses adeptes. L’art thérapie, l’expressivité et la méditation sont intimement liés au travail de Danis Bois, raisons pour lesquelles cette méthode a d’autant plus attiré la danseuse polyvalente, qui cherche aussi à transmettre cet enseignement au Liban. « C’est par le mouvement, la méditation, cette relation à soi qu’on se repositionne dans le monde » dit-elle. Elle donne donc des stages et des cours dans le pays natal quand elle y est, pour guider, accompagner ceux qui ont envie de ce repositionnement. « Il y a encore des choses à faire au Liban » réfléchit à voix haute celle qui dit en effet avoir envie « de contribuer à la réflexion ». Ce qu’elle fait déjà, pas que dans la réflexion, donc. Des stages et des cours de danse « à la Soraya ». Qui a pris ses cours de danse orientale, orien- tal ou inspiré d’Afrique du Nord, de danse gitane, etc sait bien qu’ils n’auront pas grand-chose à voir avec ce que le marché propose de manière standardisée, et pourrait se retrouver à méditer avant de danser… ce qui assurément infusera son mouvement.  Il y a aussi les ateliers en pédagogie perceptive, en fascia-therapie dits aussi mouvement sensoriel et qui lui tiennent à cœur comme celui qu’elle donne bientôt à la Clinic for Mental Health. 

 

Elle poursuit en  parallèle son art : elle danse dans Epokepic, une épopée féminine présentée au théâtre de Ménilmontant en janvier 2017, avec Wafa Helawi et Ali Zreik. Et quand bien même elle « laisse venir à elle les films, ne les recherchant pas pro-activement, elle a joué dans Mon tissu préféré, de la réalisatrice syrienne, Gayane Gigi, présenté  en 2017, dans ‘Un certain regard à  Cannes’. Elle joue actuellement dans le long métrage d’un jeune réalisateur libanais qui devra être tourné bientôt. « Bizarrement, ce sont les films qui parlent de problématiques qui me touchent qui arrivent à moi » souligne-t- elle. Si le mouvement est important et au cœur de sa pratique, Soraya Baghdadi confesse envisager des projets d’écriture  qui combineraient le récit et l’image : « j’adore les mots » révèle celle qui dit des textes choisis dans Sawti et qui a voulu traduire elle-meme le film de Maroun Baghdadi sur Mikhail Naime, pour rester au plus près des mots de ce grand penseur spiritualiste… car elle sait leur importance. Le film Tessoon- quatre- vingt dix - qui avait été perdu pendant longtemps puis retrouvé, sera projeté le 22 octobre au cinéma Metropolis. Celle qui fut l’épouse du cinéaste raconte recevoir encore aujourd’hui de nombreuses demandes concernant son travail. « Quand je réponds à cette vague de demandes, je me remets à l’épreuve de l’œuvre de Maroun. Je la revois et je gagne, ça me donne des idées et ça me propulse. Son œuvre, son héritage vieillissent bien ; moi je gagne ». Comment ne pas être propulsée avec un interlocuteur de ce calibre, même absent ? Car c’est dans l’altérité et avec un interlocuteur que l’on se découvre ; en tous cas pour Soraya Baghdadi, c’est le cas : « j’ai besoin de l’autre pour accoucher. C’est sans équivoque ». 

 

 

Confessions

Couleur préférée : bleu

Film : M de Yolande Zaubermann

Livre : Anne Dufourmantelle

Lieu de prédilection : les forêts enchantées et la forêt autrichienne

Ville romantique : Salzbourg

Musique : Avro Part, Alina ;la musique des astres et des planètes, la musique des gens du voyage, musique tzigane comme Titi Robin

Paris ou le Liban ? C’est difficile de trancher, je me pose des questions. Je suis à cheval sur plusieurs cultures.  Ceci dit, je me sens de plus en plus en résonance avec mon pays d'origine, et sans le vouloir  je me retrouve impliquée dans plusieurs projets

Maroun Baghdadi : J’ai accompagné l’œuvre de Maroun durant les douze années que nous avons  passé ensemble.

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