Depuis 15 jours, je vis en différé. Et si je n’entends pas dans mes oreilles la clameur des foules, je la sens battre sans arrêt dans mon cœur. La nuit ne m’apporte pas de répit. Je ne sais plus quoi penser. Certains ont raison, d’autres ont tort. Leurs avis se mélangent dans mon cerveau saturé… Il suffirait que je me débranche pour ne plus rien éprouver… Mais telle une plante qu’on couperait de ses racines, je dépérirai. J’ai besoin de savoir.
Mais savoir quoi au juste ?
Le « cheap speech » me tue. Chacun, de son propre point de vue, propose un discours qu’il imagine conforme à la réalité. Et la véritésemble de plus en plusaléatoire dans cet univers concurrentiel d’idées. Faut-il en signe de résistance tenir tête pour tenir tête? Faut-il cibler plus directement, plus violemment la caste des Intouchables ? Faut-il dégager les routes par égard pour ceux qui n’auront pas de quoi manger le soir ? Faut-il, faut-il…
Entre rumeurs, cris et chuchotements, comment départager toutes ces vérités ? Comment naviguer dans cette hyper abondance d’infos et de faits ? Avec leur vitesse de propagation, comment prendre le temps de les vérifier ? Comment déceler les fausses nouvelles triturées ? Quand on sait que les fake news se propagent huit fois plus vite et qu’elles sont autant de fois plus vite mémorisées que les nouvelles véridiques, comment garder l’esprit serein ? Les algorithmes de Facebook doivent bien rire sous cape en confortant nos biais de confirmation.
Pourtant, loin du terrain, victime de l’intoxication des médias et des réseaux sociaux, ma tête ne s’accroche qu’à un souhait qui s’apparente plus à une conviction qu’à un désir : Que l’abcès crève et que la gangrène s’arrête. Le blabla des uns et des autres ne tient plus la route. Seule est vraie la rue en colère.
Hier, 30 octobre, le fondateur de Twitter John Dorsey, a annoncé que sa plateforme ne publiera plus des publicités à caractère politique :« La portée d’un message politique doit être gagnée et non achetée »… De quoi réfléchir encore une autre nuit.
Photo @nourschu
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