Comment la figure du père déteint-elle sur la perception du masculin ? Un questionnement abordé par Michel El Hachem à travers une série de travaux exposée au sein de la galerie Takeover, rue Abdel Wahab à Achrafieh. En multipliant les travaux plastiques et en représentant certains symboles, l’artiste remet en question les normes sociales auxquelles l’homme devrait correspondre.

Tout autant que le déterminisme social alliant force et masculinité alors qu’il s’agit davantage d’une injonction. Ces travaux sont orchestrés au sein de plusieurs chapitres, une scénographie méticuleusement pensée sous le nom: In the name of the father. Cette exposition se tient du 18 mai au 3 juin.

Michel El Hachem est un autodidacte, passionné d’art depuis l’enfance. Présentant ses œuvres dans plusieurs expositions collectives, il a commencé cette série de travaux il y a quelques années. Néanmoins, c’est lors du décès de son père qu’il la poursuit activement et qu’il réunit ses œuvres autour d’un fil conducteur. Continuer de créer fut un moyen de comprendre ainsi que d’accepter ce drame ; la relation partagée avec son père a façonné ses travaux et in fine l’artiste a su doter son travail d’un caractère universel.

La figure du père et sa prestance : des éléments qui raisonnent avec une certaine culture visuelle et consumériste accentuant les stéréotypes de genre ; ce dépassement de soi promu dans les magazines et dans les publicités est dénoncé en utilisant ces mêmes outils, en les détournant avec sarcasme. Michel El Hachem déconstruit la notion d'héroïsme en faisant référence à des personnages emblématiques de la culture populaire et mythologique : Superman et Icare qui ont pour traits communs le vol ainsi que l’hubris, cet orgueil démesuré.

L’artiste reprend la maxime de Roland Barthes : “toutes les images sont polysémiques et le spectateur peut choisir certaines d'entre elles et en ignorer d’autres”. En effet, il s’efforce par cette succession visuelle d’instaurer une démarche réflexive et nous fait partager ce recul afin de pouvoir déconstruire ce que l’on voit quotidiennement avec passivité. Son processus artistique est à cette image, ses créations sont façonnées par des réflexions préalables. Son travail ne cesse de mettre en avant la dualité entre force et faiblesse, un moyen pour l’artiste de matérialiser et d’accepter ses ressentis.

ARTICLES SIMILAIRES
Le Liban d’hier à demain par Nawaf Salam
Zeina Saleh Kayali
14/01/2025
Transit Tripoli : Un vibrant tangage
Maya Trad
19/06/2024
« The School of Life » ou le camp d’été transformatif
Nadine Fardon
19/06/2024
Annulation de la Première mondiale de "Journée de Noces chez les Cromagnons"
11/04/2024
Lecture 79 : Ketty Rouf, Mère absolument
Gisèle Kayata Eid
11/04/2024
Le voyageur
Olivier Ka
10/04/2024
Des écrans aux idéaux: Beirut International Women Film Festival
09/04/2024
L’univers onirique de Yolande Naufal à Chaos Art Gallery
09/04/2024
De miel et de lait, une histoire douceur du Liban
Garance Fontenette
09/04/2024
Claude et France Lemand Chevaliers de la Légion d’honneur
08/04/2024