Il est vrai que la question peut sembler incongrue en cette année de catastrophes perpétuelles, qui, de la pandémie de la Covid-19 au séisme meurtrier du 4 août, sur fond de crises sociale, économique et financière à ce jour inégalées, ont bouleversé notre pays.
Vous avez dit musées ? Qui parle de musées lorsque nous ne savons pas de quoi sera fait notre lendemain, me répond-on ? Pourquoi envisager de débloquer des fonds pour développer les musées au Liban, alors que d’autres secteurs vitaux devraient en bénéficier urgemment ?
Et puis, à quoi sert un musée me demande-t-on ?
On est en droit de se poser des questions et de s’interroger sur l’avenir de ce secteur, alors que colloques, séminaires et conférences internationales s’organisent pour définir ou redéfinir ce qu’est un musée. Convenue depuis 2007 par l’ICOM, l’organisme international des Musées, la définition stipule que « le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation ». En 2019, le projet d’actualiser cette définition a mobilisé les professionnels des musées, au niveau international, et près de 269 nouvelles propositions ont été retenues. Mais durant la conférence générale de l’ICOM à Kyoto en septembre 2019, pas de nouvelle définition votée puisqu’aucune formulation n’a pu obtenir l’aval de tous. Toutefois et malgré ces convergences, il est entendu que le musée, au-delà de ses fonctions, a une mission : celle d’être le garant de l’histoire qu’il raconte. Le Musée transmet un discours en mettant en valeur l’activité créatrice de l’homme. Ce qu’il propose aux visiteurs est de découvrir les témoins de son histoire ou du patrimoine culturel ou naturel universel, tangible et intangible.
On se souvient des « nuit des musées » organisés 6 ans d’affilée par le ministère de la Culture, alors soucieux de présenter à tous la magie de nos musées publics et privés. Les visiteurs affluant de toutes les régions libanaises se pressaient par centaines à leurs portes ouvertes en soirée à cette occasion, et qu’ils franchissaient souvent pour la première fois. Un réel engouement du public ou plutôt des publics : nous étions là à l’écoute des visiteurs heureux d’avoir été tout simplement invités dans ces lieux.
Aujourd’hui, la volonté de remettre les musées du Liban sur pied est vivace.
Les promouvoir également en s’adaptant au dysfonctionnement généré par la pandémie du Covid-19 et aux soubresauts et angoisses du quotidien. Chez nous, pas de doute que les professionnels ou devrait-on dire plutôt les professionnelles du métier sont à la hauteur du défi.
De fait, et pour pouvoir aller de l’avant en confiance, nos musées devraient être suffisamment aidés et soutenus pour s’acquitter de leur rôle dans la société. Car il s’agit de la sauvegarde de notre patrimoine, de la transmission des connaissances à tous et surtout du respect de notre diversité culturelle.
Anne-Marie Maïla Afeiche
Directrice générale
Conseil général des Musées
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