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Qu’attendent pour se manifester ceux qui portent notre cause ?

27/10/2019|Gisèle Kayata Eid

Il est 5h du matin et Montréal dort encore
Il est 5h du matin mais je ne dors plus.
Je suis inquiète. J’allume la télé. Je scanne les chaines libanaises. Les gens sont toujours sur les routes. J’éteins la télé. Je rentre sur Facebook. Sur mon fil, des capsules vidéos des uns et des autres : des rendements de compte, des vociférations, des captures de scène effrayantes, parallèles, individuelles… mais bien réelles.
Me revient, dans cette nuit silencieuse, tout ce que j’enseigne à mes étudiants sur le pouvoir de l’information, mais aussi sur ses dérives à l’heure du numérique. La menace que peut représenter le citoyen-journaliste doté d’un micro, d’une caméra et de l’internet, qui se trouve donc en droit de clamer sa vérité, sans directeur de rédaction responsable de tout ce qui se dit et se montre. Sans recul, sans vision d’ensemble, sans conséquence, sans vérification des faits… Anarchiquement.
Et là, je comprends pourquoi cette insomnie soucieuse.
Nous avons manifesté massivement dans les rues de Montréal, mais la télé n’a pas relayé nos deux attroupements. C’est un choix. Une décision sans doute politique du chef de plateau. Et donc, notre voix n’a pas porté. C’est comme si nous n’avions pas été. Et je pense au Liban, à tout ce peuple qui se révolte, sans autorité, sans représentants qui parlent en son nom, sans voix qui porte sa cause. C’est comme s’il n’existait pas effectivement.
Oui, je suis inquiète. Le paysage est toujours le même. La révolution est là. Magnifique et exceptionnelle. Mais elle n’est pas en marche. Qu’attendent ceux qui ont les idées claires, ceux qui ont un plan, ceux qui sont déjà des objectifs bien déterminés, qu’attendent-ils pour se manifester clairement ? Pour poser leurs conditions. Discuter de leurs réalisations avec ceux qui peuvent les exécuter. Mettre un échéancier.Qui va porter notre voix pour que nous existions ?
Il est temps que des noms que nous plébiscitons émergent, se rassemblent, nous expliquent publiquement leurs plans, se concertent pour les réaliser constitutionnellement. L’anarchie nous guette. Cette révolution pacifique que nous menons est bien trop précieuse pour la laisser s’effriter.

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