Pourquoi êtes-vous si concernée par le drame de Beyrouth ?

Le 4 août dernier, j’étais en vacances dans le sud de la France, et à 18h07, j’étais loin d’imaginer ce qui se passait à Beyrouth. A cette heure-là, j’étais en train de jeter un œil aux réseaux sociaux quand j’ai découvert les images de cette énorme explosion qui venait de retentir dans le port et qui recouvrait déjà l’ensemble de la ville. J’ai bien sûr tout de suite compris que quelque chose de très grave se passait, cela ne ressemblait pas à l’explosion d’une voiture piégée. J’ai immédiatement pris des nouvelles de toutes les personnes que je connaissais à Beyrouth. Si ce drame m’a beaucoup touchée, bien que je ne sois pas libanaise, c’est parce que j’ai vécu près de six ans au Liban (mon père était en poste comme attaché culturel à l’Ambassade de France) et que j’y ai encore de nombreux amis. J’y ai vécu mes plus belles années, en terminale au lycée franco-libanais puis à l’Université Saint-Joseph, et cette ville m’a tant donné, tellement apporté, que j’avais envie de faire quelque chose pour ceux qui avaient tout perdu dans ce drame. J’ai donc eu l’idée d’un recueil dont les bénéfices seraient entièrement reversés à une association (j’ai choisi OffreJoie) de textes sur Beyrouth et le Liban. Je remercie les Editions Fayard pour leur confiance en ce projet. J’ai choisi 35 personnalités qui pourraient évoquer cette ville à travers leurs mots et leur voix afin qu’elle continue à vivre.

Comment avez-vous sélectionné les contributeurs ?

Chaque personnalité est un coup de cœur. J’ai choisi de donner la parole à des artistes, écrivains, couturiers, photographes, chanteurs, danseurs, comédiens, journalistes – libanais et français - pour leur sensibilité et leur regard sur cette ville. Je voulais que tous ceux qui écriraient connaissent Beyrouth, y aient marché, humé son parfum, saisi sa démesure, son énergie, ses contrastes, sa sensualité et puissent l’exprimer, chacun avec ses mots. Connaissent aussi ses habitants et leur résilience. Que chacun puisse exprimer ses joies et ses colères aussi. En un mot je voulais que ce recueil exprime les différentes facettes de l’âme de Beyrouth. Isabelle Adjani, Fanny Ardant, Tahar Ben Jelloun, Bernie Bonvoisin, Renaud Capuçon, Patrick Chauvel, Louis Chedid, Boris Cyrulnik, Sophie Fontanel, Laurent Gaudé, Marie-Agnès Gillot, Tania Hadjithomas Mehanna, Alexandre Jardin, Vénus Khoury-Ghata, Jack Lang, Yara Lapidus, J.M.G Le Clézio, Charif Majdalani, Diane Mazloum, Alexis Michalik, Kamal Mouzawak, Alexandre Najjar, Nahida Nakad, Christophe Ono-Dit-Biot, Maria Ousseimi, Katherine Pancol, Patrick Poivre d’Arvor, Sylvia Rozelier, Elie Saab, Emanuele Scorcelletti, Jacques Weber et les académiciens Dany Laferrière, Marc Lambron, Daniel Rondeau et Amin Maalouf qui nous offre une bouleversante prière pour le Liban. Je les remercie tous pour leur générosité. Je remercie également mon amie l’artiste Alia Mouzannar – qui, comme beaucoup de Libanais, a vécu de très près cette explosion, pour avoir créé la gravure qui orne la couverture du livre. Elle a su capter l’âme de ce recueil.

A la lecture de tous ces textes, y a-t-il un message principal qui est mis en avant ?

Le message qui ressort, c’est celui de l’entraide et de la résilience. Le Liban a traversé de nombreux drames dans son histoire et à l’image du cèdre ou du phénix, a toujours su se relever. Mais ce qui s’est passé le 4 août dernier a anéanti beaucoup de choses, les perspectives et les rêves de beaucoup de Libanais. Il y a cette fois du désespoir et du découragement. Que ces voix et ces mots s’élèvent pour faire en sorte que l’on n’oublie pas le Liban et apportent un message d’espoir. Et célèbrent la richesse de ce pays et de son peuple.