Comment avez-vous commencé l’apprentissage de la musique?
De manière totalement autodidacte. Je suis né à Rachaya où il n’existait à l’époque ni école de musique ni professeur. Je me suis donc initié par oreille dès l’âge de 6 ans et vers l’âge de 12 ans, j’ai découvert la 5e Symphonie de Beethoven, ce qui a constitué pour moi un choc musical et émotionnel majeur. A l’âge de 13 ans, je prends quelques cours de piano avec Sonia Ichkhanian. C’était mon premier contact avec la lecture de notes.
La musique classique était une façon de vous affirmer dans un milieu social plutôt hostile ?
C’était même une forme de révolte! A force d’entendre dire que la musique ne faisait pas vivre, j’ai voulu m’opposer et essayer de démontrer le contraire.
Quelle a été la suite de votre cursus musical ?
Je me suis inscrit à l’Université Antonine pour une licence en musicologie et, en même temps, j’étais choriste. Je voulais être chef de chœur et je me suis formé à ce métier aussi bien au Liban en suivant des cours avec Toufic Maatouk, qu’en allant suivre des master class en Italie en direction d’orchestre avec Ennio Nicotra et Alberto Maniaci, et en direction de chœur avec Enzo Marino.
Puis vous avez gagné la France ?
En 2018 j’ai décidé de partir pour Paris où j’ai commencé par des cours d’écriture musicale avec Stéphane Delplace et Anthony Girard. Puis je me suis inscrit en direction d’orchestre au Conservatoire de la ville de Paris dans la classe d’Adrian McDonnell pendant un an, puis à l’Ecole normale dans la classe de Dominique Rouits et Julien Masmondet.
Et vous venez d’obtenir votre diplôme en direction d’orchestre?
Oui! C’était très difficile et compétitif. Nous étions 9 candidats et le jury n’en a choisi que 4. J’ai été choisi à l’unanimité !
Vous avez créé Ensemble Dynamique qui est ensemble instrumental. Parlez-nous de cette aventure.
Le projet s’est fait un peu par hasard en 2019. Nous voulions jouer les pièces des compositeurs qui préparaient leur concours de fin d’année. Je me suis alors dit pourquoi ne pas créer un ensemble constitué d’étudiants de l’Ecole normale. Nous avons donné un premier concert réussi ce qui nous a encouragé à recruter en dehors de l’école. Aujourd’hui l’ensemble est formé de 15 musiciens de 10 nationalités différentes, tous fraichement diplômés ou en dernière année d’études, issus des meilleures conservatoires supérieurs de musique de Paris et d’autres villes de l’Europe. Je voudrais vraiment développer l’activité de cet ensemble pour pouvoir aller dans des festivals internationaux de musique.
Un ensemble jeune pour les jeunes ?
Nous aimerions beaucoup sensibiliser le jeune public à la musique contemporaine et donner leur chance aux jeunes compositeurs afin que leur musique soit entendue.
Vous avez récemment donné un concert en ligne ?
Oui c’était difficile car nous n’avons eu que deux répétitions tous ensemble pour chaque pièce mais les musiciens étant tous d’un excellent niveau tout s’est finalement très bien passé et nous allons faire en sorte de progresser encore.
C’est important pour vous de jouer de la musique contemporaine ?
Très important. C’est un répertoire qui est peu enseigné dans les classes de direction d’orchestre et qui demande une très haute exigence musicale. L’expérience est tout aussi intéressante pour les jeunes compositeurs dont l’œuvre voit le jour, que pour les instrumentistes qui travaillent avec les compositeurs et construisent l’œuvre avec eux.
Et les compositeurs libanais ?
Il y en a vraiment d’excellents. Et notamment un courant de jeunes compositeurs qui commence à se faire connaître. Il y en aura certainement au programme du prochain concert de l’Ensemble Dynamique.
En parallèle vous étudiez la musicologie ?
Oui j’ai été admis en master de musicologie à Paris 8 et j’ai l’intention de me pencher sur la musique contemporaine de la région du Moyen-Orient. Etudier la manière dont les compositeurs travaillent la musique traditionnelle en la modifiant afin qu’elle devienne de la musique savante. Qu’est-ce qui motive leurs choix et comment ils travaillent le timbre de ces musiques.
Vous poursuivez d’autres projets musicaux en France ?
Je suis chef de chœur et professeur de formation musicale à Paris, j’anime des ateliers en milieu scolaire avec le Conservatoire du 18e arrondissement de Paris, je dirige la Chanterie A Cœur Joie de Chatillon, et récemment j’ai travaillé étant chef de chœur à Paris-Sorbonne à l’occasion de la production du musical Hamilton.
Que faut-il vous souhaiter ?
De devenir chef d’orchestre et de chœur qui travaille avec des orchestres et chœurs réputés, et de me concentrer particulièrement sur la musique des 20e et 21e siècles.
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