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On a sidewalk, un mémorial pour le 4 août

04/11/2021|Jorge Ballif

Les images de l’explosion du port de Beyrouth ont profondément marqué les esprits de ses habitants. Qui de ceux qui ce jours-là ont sillonné les rues de Gemmayze et de Mar Mikhael pour proposer leur aide ne se remémorent pas les immeubles effondrés, les débris jonchant les rues, ces objets du quotidien emportés en même temps que la vie de leurs propriétaires. C’est précisément ces scènes qui ont inspiré Cybelle Moutran pour la création de son œuvre On a sidewalk.

Comme de nombreux autres beyrouthins au lendemain de l’explosion, cette jeune céramiste libanaise déblayait les rues des quartiers les plus touchés en compagnie de ses proches. En rentrant chez elle ce jour-là, elle vit à Mar Mikhael un amas de volets, une pile impressionnante de volets rouges et blancs sur le trottoir. Cette scène a profondément marqué l’artiste car elle représentait à la fois la destruction matérielle engendrée par l’explosion mais aussi la solidarité des habitants de Beyrouth, se rassemblant et s’organisant seuls pour trier les décombres. Très vite, un besoin indéfectible d’exprimer ce qu’elle a vécu, vu et ressenti lors de cet évènement est apparu. C’est à travers cet amas de volets rouges et blancs, objet du quotidien dénaturé, représentation conceptuelle des malheurs frappants les habitants de ces quartiers, que Cybelle Moutran a choisi de raconter cet évènement.

Le travail de la jeune céramiste libanaise est intimement lié à ses émotions : « je fais de la céramique conceptuelle, pas utilitaire. Je cherche à explorer la matière, la dimension sculpturale de la céramique et non sa dimension pratique ». Paradoxalement, ces volets rouges et blancs, utilitaires et pratiques par essence, forment la base d’On a sidewalk, ou du moins la première partie de l’installation, car l’œuvre ne pouvait pas se limiter à la reproduction de ces volets, à l’expression de la destruction matérielle. Il fallait aussi rendre hommage aux victimes humaines de cette explosion : ainsi 229 cœurs en suspension flottent au-dessus des volets rouges, formant la deuxième partie de cette installation. 229 c’est le nombre de victimes, l’artiste fait le choix de rendre hommage à chacune d’entre elle. 

Initialement le projet devait prendre place dans le port de Beyrouth mais Cybelle Moutran et sa mécène, qui a perdu sa fille durant l’explosion, ont vu en Beit Beirut un lieu hautement symbolique qui faisait écho au message que porte l’œuvre. La Maison Jaune représente ce qui a été matériellement détruit pendant la guerre, tout comme On a sidewalk représente ce que l’explosion a rasé. Exposer à Beit Beirut, c’est affirmer quelque part selon l’artiste que « l’explosion est un évènement qui se situe dans la continuité de la guerre ». Bâtiments détruits dans Beyrouth, explosion, responsabilité politique… C’est deux évènements resteront gravés dans la mémoire des libanais et dans les murs de Beyrouth. 

 

Rendez-vous le 19 novembre à 17h pour l’inauguration à Beit Beirut afin de découvrir cette installation de la céramiste Cybelle Moutran. 

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

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