Vous avez commencé par donner une série de concerts en Pologne avec la harpiste Anna Sikorzak-Olek ?
L’idée est venue d’Anna. Elle souhaitait aider le Liban et, organiser une série de concerts, semblait être une bonne façon de parler du Liban et de sensibiliser le public polonais. Les liens entre la Pologne et le Liban existent depuis longtemps, quand des réfugiés polonais ont fui la deuxième guerre mondiale en Europe et se sont installés dans notre pays, constituant le premier noyau de l’orchestre du Conservatoire dans les années 1940.
Comment s’est pratiquement passé l’organisation ?
Anna a commencé à parler aux prêtres des paroisses de son quartier à Varsovie et Gdansk. Les églises sont gratuites pour les musiciens qui souhaitent s’y produire et petit à petit, en nous entendant, d’autres paroisses ont fait appel à nous. Nous nous sommes également produites à la radio et dans la villa du syndicat des musiciens polonais. Au total une série de quatorze concerts dont douze pour l’église Saint Joseph de Beyrouth et deux pour le Conservatoire national.
La participation aux frais du public était libre ?
Oui un panier passait après le concert. Dans une des paroisses, le prêtre a insisté pour faire passer le panier après chaque air ! Un autre prêtre a voulu que nous nous produisions à chaque messe avant le concert, dont une commençant à 7h du matin et que j’ai poliment déclinée alors qu’Anna, fidèlement, honorait tout !
Vous avez offert vos prestations la harpiste et vous-même ?
En effet nous avons renoncé à nos cachets et essayé de réduire les frais au minimum. Nous logions dans des foyers d’étudiants et prenions nos repas avec les curés !
Quel était le programme de ces récitals ?
Je commençais systématiquement par li beirut (qui était d’ailleurs le titre de la tournée) puis le Pie Jesus du Requiem de Fauré en hommage aux victimes de l’explosion du 4 août. Suivait un programme très éclectique, allant des airs romantiques, aux mélodies françaises, chansons de la Renaissance etc. Et bien sûr l’incontournable Aatini el naya wa ghanni. Anna qui est une excellente musicienne s’adapte à tous les répertoires. Elle présentait les œuvres et, très émue à chaque fois, pleurait !
Après la Pologne vous vous êtes produites, en décembre 2021 en Belgique et en février 2022 France ?
Oui, à la villa Empain à Bruxelles, à travers la Fondation Boghossian. C’est en Belgique également que la fondation Music Fund a fait une donation de 25 instruments à vent au Conservatoire. En sus, un vieux Monsieur de 80 ans qui jouait dans une fanfare nous a offert son trombone ! Les deux derniers concerts se sont déroulés dans le sud de la France, du côté de Béziers, avec une très jeune harpiste de 14 ans, Zoé Buyck.
Comment vont être utilisés les fonds ramassés lors de cette tournée ?
L’église Saint Joseph va faire restaurer deux des vitraux qui ont été soufflés par l’explosion du 4 août et le Conservatoire national va faire effectuer des formations de luthiers libanais par un spécialiste européen.
Quels sont vos projets ?
Je donne un récital à l’Alba le jeudi 19 mai avec le pianiste anglais Conrad Wilkinson qui jouera du Philip Glass et du Chopin. En ce qui me concerne, je chanterai des mélodies et la vocalise de Rachmaninov.
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