Dust, le dernier spectacle de danse de Nada Kano met en scène un pas de deux qui, comme une traînée de poudre, va de la vie à la mort, et de la mort à la vie. Comment faire face une tragédie et à ses séquelles ? Les corps des danseurs s’emparent de la mémoire du 4 août et tentent de trouver leur planche de salut. Sur scène, ils dansent et jouent avec 4 planches sur lesquelles le spectacle s’articule, symbolisant cette lisière entre la vie et la mort, le dedans et le dehors, le dessous et le dessus…

Danseuse elle-même de formation et professeur de danse, Nada Kano explore depuis 2003 ses talents de chorégraphe dans des spectacles de danse contemporaine à base classique, créés sur mesure et portés par les corps puissants des danseurs de sa troupe, la Beyrouth Dance Company (A corps perdu 2008, Element terre 2009, L’Etreinte 2011, Borderline 2014, Over the Edge 2022…). En 2009, à l’initiative d’un projet de l’Unesco, elle prend sous son aile 200 enfants de milieux défavorisés et leur offre une formation gratuite de danse. 20 danseurs sortiront du lot pour poursuivre durant de longues années leur formation au cœur de la troupe. Parmi eux, deux jeunes, Daniel Moussa et Maria Zgheib en feront une vocation, un métier. Ce sont eux qui portent la partie principale de DUST, avec l’accompagnement sur une partie du spectacle de deux autres élèves confirmés de son école, Maya Khodr et Axelle Rizk. La musique est composée par Anwar Bezri, danseur lui aussi dans la première partie du spectacle.
La performance s’ouvre sur un éboulement, quand Beyrouth, telle une mariée promise à un rêve illusoire, tombe de son piédestal immaculé et se morcelle. Sur scène, les danseurs tentent de s’extraire du chaos dans un jeu d’équilibrisme fragile sur les planches avec lesquelles ils font corps. Elles sont comme eux, chancelantes, instables, comme des radeaux de naufragés dans la tempête.
Laissés à eux même, dans la deuxième partie, le jeune homme et la fille incarnent alors une lutte entre la survie et la mort. La jeune fille tente de le ramener à la vie dans une émotion servie par une maîtrise technique implacable de la part des danseurs.

« On a commencé à travailler en septembre à raison de 4 fois par semaine, et puis le rythme s’est intensifié, avant le spectacle on travaille 5 à 6 fois par semaine à raison de 4 à 5heures par jour ». Exigeante et rigoureuse, Nada travaille en explorant ses enchainements directement avec ses danseurs. « La chorégraphie est ainsi montée en fonction de leurs émotions et de leur technique, et la manière dont ils réagissent entre eux ». Pour Nada, la danse est un langage à part entière qui permet de saisir pleinement l’émotion. Un chemin nécessaire et vital pour elle, pour faire face à la douleur, lui donner corps pour la transcender.
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