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Mythe et réalité de la Diaspora arménienne par Nadine Garabedian

07/10/2022|Zeina Saleh Kayali

Quelle est la genèse de cet ouvrage ? 

Mes origines arméniennes bien sûr ! Qui m’ont conduite, il y a une vingtaine d’année à soutenir une thèse en sciences politiques sur les mécanismes d’intégration de la communauté arménienne dans trois pays d’accueil : le Liban, la France et les Etats-Unis. Ce travail s’était effectué entre 1990 et 1998, date à laquelle j’ai soutenu la thèse. 

 

Et que s’est-il passé après ? 

J’ai tout arrêté pour élever mes enfants ! Mais à partir de 2010, j’entre dans une phase de questionnement sur mes origines, sur ma triple culture, arménienne, libanaise et française et, en 2020 avec le déclenchement de la guerre dans le Haut Karabakh, je décide de revoir ma thèse, d’y retravailler en mettant l’accent sur les attitudes politiques de la diaspora arménienne au sein des pays d’accueil, à la lumière des nouveaux événements. 

 

Qu’avez-vous alors constaté à ce sujet ? 

Que la France est le seul pays où la communauté arménienne s’est vraiment impliquée politiquement. C’est également en France que la diaspora arménienne est la plus active au niveau de la mobilisation en faveur de l’Arménie. Au Liban, les Arméniens sont restés regroupés en « ghettos » et d’ailleurs ils sont passés de 250.000 en 1975 à 80.000 aujourd’hui. Aux Etats-Unis, une tension s’est créée entre ceux qui sont arrivés pour fuir le génocide et ceux qui, plus tard, sont arrivés uniquement pour « vivre mieux ». Quant à ceux qui sont arrivés après le tremblement de terre de 1988, ils se sont « heurtés » à des communautés déjà largement occidentalisées, ce qui a provoqué parfois des tensions. 

 

Vous souhaitez démontrer que, pour l’Arménie, il n’y a plus uniquement que le génocide comme pilier de la mémoire collective ? 

Aujourd’hui d’autres dangers menacent l’Arménie, et les choses se passent dans le silence assourdissant de l’Occident qui a d’autres priorités. Je dois hélas reconnaître que nous faisons face à un conflit confessionnel. Il y a également à travers le monde, mouvement de rejet du parti politique traditionnel Tachnag qui se prétend fédérateur et qui ne l’est plus vraiment. 

 

L’ouvrage aborde la question sous différentes approches ? 

Oui, l’approche historique d’abord, qui permet d’appréhender le vécu arménien à travers un passé qui perdure et l’approche sociologique ensuite, qui aborde les modes de construction de l’imaginaire collectif. 

 

Vous dites également avoir constaté que la communauté en général « va avec le pouvoir « ? 

Oui, c’est un point commun aux trois communautés que j’ai étudiées (Liban, France, Etats-Unis). La diaspora arménienne évite de se retrouver dans l’opposition, prône la neutralité politique et se retrouve souvent dans le rôle du médiateur, comme ce fut le cas au Liban pendant la guerre civile. 

 

Les communautés arméniennes ont en général une excellente réputation dans leurs pays d’accueil ? 

Ils n’ont en effet pas de problèmes dans les pays d’accueil car ils ont réussi (surtout en France et aux Etats-Unis), à participer à la vie publique sans renoncer à leur identité, faisant la part des choses de façon équilibrée entre vie publique et vie privée. C’est l’histoire d’une intégration réussie.

 

Vous citez beaucoup le président Emmanuel Macron dans l’ouvrage ?

Oui car il est très proche de la communauté arménienne en France. Il est en général présent au dîner de gala annuel des Arméniens de France. La classe politique française l’est également, et la date du 24 avril qui commémore le génocide est souvent citée dans l’hémicycle français. 

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