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Maha Rabbath : Ecrire l’apologue de Beyrouth

31/05/2021|Julia Mokdad

Elle ne se considère pas comme poète, encore moins comme auteure. Elle écrit par jets, griffonne la feuille d’un coup de bras, quand les écueils qu’elle s’inflige à elle-même cessent de lui proser des autocritiques. C’est comme ça que Maha Rabbath a écrit Beyrouth : tes murs au bout des lèvres. En fulminations de dix minutes. Sur vingt-cinq années. A l’orée de ses vingt ans, la psychologue gréco-libanaise débute sa relation avec la poésie. Ce sera un mariage toxique mais salvateur; périodique mais éternel. Pendant ces moments où sa table d’écriture la contorsionnait, Beyrouth reviendra souvent au bout de ses lèvres. Au bout de ses doigts. 

 

Le Beyrouth de Maha n’est pas dichotomique. Ville aux mille facettes, elle est tapie derrière chaque angle de rue, dans les chambres closes ou sur la corniche. Elle est dans les regards flambants, les voix vacillantes ; dans les petites histoires. Mais c’est un plus grand récit que l’auteure veut relater : « Tes murs au bout des lèvres est un livre sur ce que Beyrouth a à nous offrir de plus beau et de plus laid » affirme Maha Rabbath. « C’est ma façon de me positionner au centre de toutes ces contradictions que la capitale élève ». La disposition chronologique des 26 poèmes, s’étalant sur une période de 1994 à 2020, s’avère être plus ingénieuse que prévue. De l’après-guerre au port de Beyrouth, les vers se correspondent et se répondent dans une danse magnétique, jusqu’à la chute. « Mon dernier poème sur la double explosion marque le discours de fin. Mais ce n’est la fin de rien. Seulement celle du livre ». Dans ce recueil aux allures de roman, le protagoniste ne meurt pas. Il se retire seulement, là où les mots faiblissent. « J’ai nommé ce dernier texte Sans Titre » confie Maha. « Tout simplement parce que face à cet évènement, je n’avais plus rien à dire ».

 

La thérapie par les mots

Mais la psychologue ne tirera pas sa révérence. Après la publication de son recueil, elle décide d’allouer 15% de sa part de bénéfices aux artistes victimes de l’explosion, par l’intermédiaire de la Hammana Artist House, qui a pour mission de décentraliser l’art au Liban. « J’ai voulu aider, ne serait-ce qu’un seul artiste, à retrouver son instrument, ou son matériel. Parce que pour moi, l’art est la plus noble des résistances, contre toutes les formes de violence ». Animée par l’humanitaire, Maha ne s’imaginait cependant pas pouvoir aider d’une quelconque autre façon. Mais le livre est le confessionnal de sa génération ; une réponse à la question de l’utilité de l’art que la philosophie martèle depuis toujours. « C’est génial quand l’art rejoint les causes, beaucoup de personnes m’ont remercié d’avoir mis des mots sur leurs maux ». Elle marque une pause avant d’ajouter : « Je suis heureuse que mon livre soit thérapeutique pour les autres. Il ne l’est pas pour moi. Écrire m’apportera toujours son lot de souffrance, mais je le fais parce que j’en ai besoin »

 

Cette relation passionnelle que Maha Rabbath entretient avec l’écriture est faite des mêmes armatures que celles qui bastionnent sa liaison avec le Paris de l’Orient. L’une comme l’autre, elle ne les quittera pas. Pas avant d’avoir épuisé l’inspiration et l’espoir que chacun a planté en elle.

 

A savoir

La signature aura lieu le vendredi 4 juin de 17h00 à 19h00 à la Librairie Antoine  de Hazmieh.

 

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