MA DECLARATION : TANIA HADJITHOMAS MEHANNA
07/09/2020
Tania Hadjithomas Mehanna. Editrice, auteur et hypnothérapeute.
Quel regard portez-vous sur le centenaire du Liban ?
Le Liban est un pays millénaire. Trois de ces villes sont parmi les plus anciennes villes du monde. Le mot centenaire me rend donc perplexe. Et je crois qu’on oublie de plus en plus l’histoire majestueuse et très riche de ce pays en raison de la médiocrité politique ambiante.
Comment avez-vous vécu la catastrophe du 4 août ?
J’habite entre Sursock et Gemmayzé et ce jour-là nous avions rendez-vous chez le médecin. Nous avons quitté la maison à 17h30. Quand je suis revenue, c’était un choc si insupportable que j’ai fui vers la montagne laissant tout dans l’état. Je suis restée deux semaines en état de sidération. Impossible de prononcer un seul mot. Et puis petit à petit la vie revient. Mais je suis envahie de deux sentiments très forts : une profonde colère que je nourris parce que je veux qu’on m’explique et qu’on me rende des comptes. Et aussi une profonde tristesse parce que mon quartier, ce qui faisait ma trame, mon quotidien est très blessé.
Considérez-vous que le Liban peut devenir une véritable nation ?
On doit travailler sur deux niveaux : Prendre conscience que nous avons un rôle politique à jouer quand ceux qui nous ont empêché de le faire pendant 40 ans s’en iront. Et surtout prendre conscience de notre identité libanaise, notre attachement à ce pays et notre volonté de vivre ensemble.
Le Liban est-il votre patrie définitive ?
Le Liban est la patrie qu’ont choisi mes grands-parents exilés de Turquie. J’ai bâti mes racines moi-même. Je n’ai jamais quitté le pays malgré la guerre et ma double nationalité. Cette période que l’on traverse me donne envie de redoubler d’efforts pour sauver mon pays.
En ces jours historiques, quelle serait votre propre « Déclaration pour le Liban »
Je ne suis ni forces libanaises, ni Hezbollah, ni aouniste, ni courant du futur. Je ne suis ni pro-syrienne, ni pro-américaine, mi pro-iranienne, encore moins impérialiste ou complice d’Israël. Je n’appartiens à aucun parti, aucune mouvance politique, aucun extrémisme religieux. Je n’ai aucun seigneur, aucune idole, aucune main à baiser et personne devant qui courber l’échine. Je ne suis prête à sacrifier mon âme, mon sang et mes enfants à personne. Je n’ai aucune relation dans les milieux dits bien placés et pas une goutte de sang sur les mains. Je n’ai d’argent que celui que j’ai gagné à la sueur de mon front et je n’ai jamais enfreint la loi de mon pays. Je ne suis rien de tout cela et pourtant je suis là. Je suis ici chez moi. Mon pays est le Liban et mon drapeau est rouge, vert et blanc. Et je veux croire que la majorité c’est moi.
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