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Nayla de Freige

PDG du groupe L'Orient le Jour

 

Quel regard portez-vous sur le centenaire du Liban ? 

Le Liban n’a que cent ans. C’est un pays jeune qui a traversé, depuis la création du Grand-Liban, des étapes historiques difficiles et qui n’a pas eu le temps de devenir une vraie Nation : son indépendance a été bâtie sur un système communautaire confessionnel qui s’avèrera ne pas garantir sa stabilité. La création de l’Etat d’Israel à sa frontière Sud fut un coup dur pour un nouveau pays. Dix-sept ans de guerre libanaise ont rendu l’équilibre encore plus fragile. Le retour à la paix n’a pas refermé toutes les blessures et le fait qu’un parti reste armé, malgré la présence d’une armée nationale entrainée et efficace, a créé un déséquilibre des forces qui n’a pas été pour rassurer tous les habitants. De plus, avec la guerre en Syrie, plus d’ un million de Syriens se sont réfugiés sur le territoire libanais s’ajoutant aux 500.000 Palestiniens qui étaient déjà là. Tous ces éléments font du Liban et ses quatre millions de Libanais un pays difficile à gouverner. Sans oublier le degré de corruption qui est effarant. 

Je pense qu’il est temps de construire un État laïc, élire des dirigeants qui ne sont pas les anciens chefs de guerre (ni leurs enfants) et travailler sur la neutralité, pour pouvoir reconstruire le pays que nous voulons. 

 

Comment avez-vous vécu la catastrophe du 4 août ?

Le 4 août est une date que nous ne pourrons jamais oublier. L’explosion a fait des dégâts similaires à ceux d’un grand tremblement de terre, sauf que la différence est qu’il ne s’agit pas d’une catastrophe naturelle ou d’une fatalité. Il y a eu erreurs humaines. Il sera terriblement difficile, voire impossible, de faire le deuil de cette tragédie si les coupables ne sont pas identifiés et punis. 


Le Liban est-il votre patrie définitive ?

Nous sommes Libanais, et nos familles vivent depuis bien plus de cent ans sur ces terres. Nous sommes bel et bien enracinés dans ce pays. A nos âges nous ne partirons pas. Mais pour encourager nos enfants et nos petits-enfants à rester, nous voulons pouvoir leur assurer la sécurité, un niveau de santé et d’éducation mieux qu’acceptables ainsi qu’un environnement écologique et culturel qui réponde à nos exigences. Nous nous mobiliserons de toutes nos forces pour y parvenir. Ce sera la condition pour essayer de les retenir, mais au final ce sera leur décision. 

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