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Naila Kettaneh-Kunigk, 

Propriétaire et directrice de la Galerie Tanit

 

Quel regard portez-vous sur le centenaire du Liban ? 

Quel regard puis-je porter sur un centenaire, dans lequel nous avons vécu les plus belles choses et les pires ?

Le développement de nos universités, de nos connaissances médicales, l’extension du droit à l’éducation de notre jeunesse

Le développement de nos industries, de notre commerce, du secteur tertiaire : le tourisme, l’hôtellerie, les hôpitaux, les restaurants, les lieux divers de divertissements nocturnes,

Notre culture a progressé avec les Festivals de montagne qui nous ont ouvert des horizons divers, Un orchestre philharmonique a vu le jour

Des musées, institutions culturelles et galeries ont vu le jour défendant tant notre culture locale que nous présentant ce qui se passe à l’international.

Malheureusement, nous sommes nos propres ennemis, nous n’avons pas réussi à construire un pays homogène. Notre diversité culturelle tant prisée est une arme à double tranchant.

Nous en avons payé très cher, le prix depuis 1975.

 

Comment avez-vous vécu la catastrophe du 4 août ?

Le 4 août, je me suis retrouvée à East Village face au port. Sur le moment, ma seule réaction était d’aider les survivants blessés

J’étais désespérée par les morts injustes, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur alors que tout croulait sur nous. La rue Mar Michael était devenue un de champ de ruine où le verre cassé et le sang, le désespoir de cette population étaient omniprésents. Plus tard devant l’étendue du désastre humain et matériel, la rage est venue contre l’incurie totale et l’indifférence de nos gouvernants, de leurs calculs personnels et sordides qui n’ont fait que parachever l’opinion que j’avais de ces gens-là.

 

Considérez-vous que le Liban peut devenir une véritable nation ? 

Faire une nation du Liban de nos jours dans ce monde fracturé bien au-delà du Liban semble un pari incertain.

La tentation hégémonique de certains grands pays pour quelque cause que ce soit, déséquilibre ce petit pays de la méditerranée, qui n’a que ses montagnes et la mer : “Ce Rocher” comme disait Jean Chouéri quand il était directeur de l’Orient-le Jour.

 

Le Liban est-il votre patrie définitive ?

Le Liban est ma patrie définitive, je suis aussi citoyenne Allemande, un pays qui m’a beaucoup donné et appris, où j’ai ouvert une première galerie d’Art Contemporain en Décembre 1972, mère d’une petite fille à l’âge de 28 ans.

Je suis rentrée au Liban quelques années après le décès accidentel de mon mari pour donner à mon plus jeune enfant la possibilité de connaitre une autre culture, il est en fait devenu plus libanais que moi. Je me suis impliquée dans l’affaire familiale et ai commencé en parallèle à organiser des expositions dans des lieux aussi divers que l’ESA et Berytech. Puis sont venus trois espaces successifs, le dernier étant celui détruit par l’explosion : Galerie Tanit à Mar Michael.

 

En ces jours historiques, quelle serait votre propre « Déclaration pour le Liban » ?

A mon avis, en premier lieu, nous avons besoin d’une véritable gouvernance et pas d’un ramassis de clans qui gère le pays en fonction de leurs intérêts économiques et politiques.

En deuxième lieu, les libanais de tous bords, pour pouvoir vivre ensemble ne doivent pas se sentir exclus de la conduite du pays. Ce n’est pas une majorité du nombre qui doit gouverner et imposer son point de vue. « Deux négations ne font pas une nation » disait Georges Naccache qui pour l’avoir écrit a fait 3 mois de prison.

Il est certainement difficile de faire plaisir à tout le monde.

Education, santé, logement, laïcité sont mes priorités, suivis d’un projet de développement durable : gestion des eaux, de l’électricité, agriculture, industries de transformation, nouvelles industries.

La religion doit devenir un statut personnel et tout le monde devrait avoir droit à l’égalité devant la loi, les femmes de notre pays surtout.

Je donnerai un statut aux palestiniens, un droit de vote municipal, mais pas législatif, les sortirai de leurs ghettos, de même que les Kurdes de la quarantaine réfugiés à Jnah et Ouzaï

Pour employer un lieu commun : les gens heureux n’ont pas d’histoire.

 

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