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Liban, 17 octobre 2019 Le point sur les « Sursauts d’un peuple »…

30/09/2020|Bélinda Ibrahim

L’idée de garder des traces écrites pour immortaliser le vécu et le ressenti de ces « sursauts » d’un peuple a paru nécessaire à Nidal Haddad. Quarante-trois plumes ont répondu à son appel et ont exprimé, au sein de cet ouvrage, quarante-trois avis convergents, mais également divergents. 
« À l’heure où prédire l’avenir relève de l’impossible et où le Liban traverse une crise économique et existentielle sans précédent, mon souhait le plus ardent est que ce recueil incarne un précieux legs pour les générations à venir qui auront, à leur tour, certainement beaucoup à nous apprendre, puisque nous sommes tous, chacun à sa manière, des passeurs de mémoire. » confie-t-elle. Et de poursuivre sa réflexion dans sa note d’introduction : « Si l’on considère que la révolution est un moyen pour se libérer de ses chaînes, du joug d’une tyrannie, ou bien encore de se révolter contre une injustice de trop, la révolte du 17 octobre illustre parfaitement ce sentiment. 
Si l’on revendique une restructuration des valeurs, une fronde pour la reconquête de sa dignité et de sa liberté d’expression, on est alors bel et bien en présence d’une révolution culturelle. 
Si l’on a rejoint une rébellion contre l’injustice, exigeant un travail de refonte de la société pour un partage plus équitable des richesses et l’instauration d’une plus grande justice sociale, une prise de conscience à l’échelle nationale est rendue nécessaire, et il est indispensable que cette révolte s’adresse à tous les niveaux de la gouvernance, afin que ses demandes scandées soient entendues et puissent aboutir. »

 

Quid du revers de la médaille ?

Tous les « si » de Nidal Haddad n’abondent pas dans le soutien à la révolution, même si les écrits que recèle cet ouvrage qu’elle a sciemment voulu « démocratique » sont majoritairement favorables à la « thawra ». Elle exprime sa réserve dans les points suivants : « Par contre si, comme d’aucuns l’ont affirmé, l’on assiste à certains jeux de rôles synchronisés, avec des visages masqués qui se faufilent parmi les manifestants, et à l’intrusion de certains partis politiques qui profitent d’un mouvement populaire pour semer le trouble et réaliser des intérêts propres, la grogne populaire ne peut qu’être déviée de son but initial, qui est la restauration de la dignité humaine bafouée. » Puis se ravise en adhérant au combat pour les droits de la femme : « Si la “thawra”, telle qu’elle fut appelée dès les premiers jours du soulèvement, s’insurge contre l’inégalité des chances entre les hommes et les femmes dans les secteurs publics et privés où les droits de la femme sont encore largement méconnus, cette révolte ne peut que susciter une large adhésion féminine. » Et ajoute : « Et si ce soulèvement est la synthèse de toutes ces différentes révoltes, il serait injuste de ne pas reconnaitre qu’il révèle un profond mal-être chez une large partie du peuple libanais. Un peuple épuisé par une mauvaise gouvernance qui le méprise depuis des décennies et qui menace aujourd’hui de le déposséder du fruit de son labeur. »

 

Quelle solution à ces « sursauts », à ce ras-le-bol exprimé dans la rue ?
« La réponse est simple. L’espoir d’une issue ne pourrait se concrétiser qu’à travers une justice indépendante et intègre, capable de juger absolument tout le monde et traquer la corruption là où elle se niche, sans qu’aucune “immunité” ne puisse lui être opposée. La position de Winston Churchill sur le rôle primordial de la justice et son bon fonctionnement, loin des influences néfastes à la démocratie, est édifiante et doit nous servir d’exemple. Pour le Premier ministre britannique, tant que la justice est épargnée par la corruption, le pays peut s’en sortir !
Sur un autre plan, tout aussi important, il est temps d’instaurer enfin la laïcité, celle qui sépare le religieux du politique. Tant qu’il y aura une interférence entre les deux, nous serons condamnés à tourner en rond, dans un cercle vicieux qui nous mène lentement, mais sûrement à notre perte.
Il est également temps de bannir le féodalisme et le népotisme, ces deux fléaux qui empêchent les personnes d’être jugées sur leurs compétences, mais uniquement selon leurs appartenances familiales et/ou leurs relations. 
Le 17 octobre 2019 restera une date charnière dans l’histoire du Liban, même si l’on est en droit de se demander pourquoi ce soulèvement n’a pas réussi à choisir des leaders pour le représenter, ce qui l’a rendu atypique et a largement nui à sa crédibilité. 
Quoi qu’il en soit, il n’a laissé personne indifférent, mais a suscité des réactions diverses et variées. Aussi, ai-je tenu à garder des traces écrites pour consigner le vécu des uns et des autres en relation avec les évènements qui ont eu lieu, d’autant que ma maison d’édition est mise, avant tout, au service de mon pays. »

 

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