Lecture 62 : Vieillir n’est pas un crime, Dr. Véronique Lefebvre des Noëttes
13/07/2023|Gisèle Kayata Eid
Vieillir n’est pas un crime, Dr. Véronique Lefebvre des Noëttes, éditions du Rocher, 2021.
Le terme « vieux » désigne le fait d’« être là depuis longtemps ». Il est neutre en soi. Mais le plus souvent dans notre société de consommation, (il) a la valeur négative de la chose usée, du disque rayé, du « bon à jeter » obsolète, dépassé, qui ne fonctionne plus aussi bien ». C’est à démonter ce préjugé coriace et généralisé que s’attèle l’auteure. Psychiatre et docteure en philosophie pratique et éthique médicale, elle accompagne au quotidien les patients âgés d’un des plus grands hôpitaux gériatriques de France.
Pour elle, les termes « petits vieux », « petites vieilles » utilisés « avec une pointe d’affectueuse commisération », est dévalorisant. Encore plus le terme de « vieillard », qui qualifie « le bout du bout... servant à désigner des personnes très âgées, dépendantes, démentes ». Et pour désigner la grande dépendance de la personne on emploiera le terme « grand vieillard ».
Dans une intention délibérée de chasser tous ces termes, l’auteure donne une définition sur laquelle elle va démontrer, sur 300 pages environ, tout ce qui a rapport à la « personne plus âgée que la moyenne des autres personnes de la population dans laquelle elle vit ».
Une réflexion qui avance tranquillement pour remettre les bons termes sur les véritables réalités : la différence entre retraité, senior et troisième âge; les lieux où ils vivent; et ce que nous apprend le vieillissement, sa médicalisation, les perspectives d’avenir avec l’Intelligence artificielle...
La dernière partie intitulée « OldLivesMatter » est résolument optimiste. Elle célèbre la vieillesse en donnant des pistes pour « bien vieillir », comme mettre fin au tabou de la sexualité du grand âge, la nécessité d’entretenir sa créativité, le rôle et la place des grands-parents, etc.
Un ouvrage qui remet les pendules à l’heure dans un monde pressé, toujours à la recherche de la performance, de la productivité et de l’efficacité et qui souvent oublie la valeur de « ces vies démunies », de toutes ces personnes isolées dont beaucoup se sont laissées mourir durant le Covid, ceux qui perdent confiance en eux, qui font des dépressions, qui « glissent » sans trop de bruit.
Un livre pour s’en rappeler et ne pas oublier comme l’écrivait Victor Hugo (que l’auteure cite) que « l’un des privilèges de la vieillesse (est) celui d’avoir outre son âge, tous les âges.
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