Un roman d’amour. Un roman d’été. Parce que ça fait du bien, ça fait rêver, on s’y reconnaît, on comprend quelque chose qui nous avait échappé… Rien de mieux qu’une histoire d’amour pour nous aider à nous évader du quotidien éprouvant. Que serait-ce quand ce sont deux histoires d’amour que vit simultanément le protagoniste ? Pas d’imbroglio, mais deux passions intenses, parallèles, aussi vraies l’une que l’autre qui assaillent le narrateur. Un jeune homme fraîchement débarqué dans la grande ville, déplumé par un revers de fortune et qui doit s’adapter au monde qui l’entoure. Très vite, il rencontre une femme plus âgée que lui, séduisante à souhait, voluptueuse mais secrète. Madame Hayat ensorcelle pratiquement le jeunot et lui procure des sensations et des sentiments inusités pour lui. Il s’y attache fortement. Au même moment, il tombe amoureux d’une jeune et belle étudiante en littérature qu’il fréquente sur les bancs de la faculté. Avec elle il partage les élans de jeunesse, le goût des mots et des écrivains, ainsi que des rêves d’avenir.
Un scénario qui semblerait banal si ce n’était la plume de ce journaliste renommé de Turquie dont l’œuvre, couronnée de succès, a été traduite en plusieurs langues.
À la force des émotions et états d’âme de l’ingénu fraîchement initié, décrits copieusement, vient se greffer une situation politique qui se détériore autour de notre héros. Sans jamais expliciter l’origine exacte de l’étau qui se referme sur lui et tous ses amis, l’auteur nous enfonce avec lui dans une lente descente vers l’insécurité ambiante. Les libertés occultées, la fuite en avant des jeunes, le silence épeuré de ceux qui restent, le marasme qui l’entoure n’altère pas les sentiments du jeune Fezil, de plus en plus déboussolé quant à son avenir, mais aux prises d’un monde gouverné par l’extrémisme.
Quand on sait qu’Ahmet Atlan a été emprisonné plus de quatre ans à Istamboul et que ce roman a été écrit en prison, on comprend mieux le sens du mot « évasion ». Ce que procure ce titre, édité dans la collection « Lettres turques » et traduit en français par Julien Lapeyre de Cabanes.
ARTICLES SIMILAIRES
Le Liban d’hier à demain par Nawaf Salam
Zeina Saleh Kayali
14/01/2025
Transit Tripoli : Un vibrant tangage
Maya Trad
19/06/2024
« The School of Life » ou le camp d’été transformatif
Nadine Fardon
19/06/2024
Annulation de la Première mondiale de "Journée de Noces chez les Cromagnons"
11/04/2024
Lecture 79 : Ketty Rouf, Mère absolument
Gisèle Kayata Eid
11/04/2024
Le voyageur
Olivier Ka
10/04/2024
Des écrans aux idéaux: Beirut International Women Film Festival
09/04/2024
L’univers onirique de Yolande Naufal à Chaos Art Gallery
09/04/2024
De miel et de lait, une histoire douceur du Liban
Garance Fontenette
09/04/2024
Claude et France Lemand Chevaliers de la Légion d’honneur
08/04/2024