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Le théâtre Monnot rend un vibrant hommage à Raymond Gebara

29/02/2024|Nelly Helou

Du 27 février au 7 avril le théâtre Monnot vivra à l’heure de Raymond Gebara (1935- 2015) grand homme de théâtre libanais qui a marqué de son empreinte comme dramaturge, metteur en scène et acteur la vie culturelle libanaise durant de longues années. La soirée de lancement de cet hommage a eu lieu le mardi 27 février et le théâtre Monnot grouillait de monde: la famille, les amis, les gens du théâtre, les personnes qui ont bien connu Gebara et son théâtre ainsi que les nouvelles générations venues à la découverte.

 

Le coup, d’envoi a été donné par un documentaire émouvant réalisé par l’écrivain et réalisateur Nasri Brax sur Gebara, étayé de plusieurs témoignages d’acteurs, metteurs en scène et critiques d’art qui l’ont bien connu et qui ont travaillé à ses côtés avec aussi un parcours de la vie culturelle au Liban.

Un travail d’équipe

Dans son mot d’accueil, Josyane Boulos qui préside aux destinées du Monnot donnant à ce théâtre une impulsion exceptionnelle, remercie Nasri Brax pour ce documentaire exceptionnel disant: « il m’émeut toujours plus chaque fois que je le revois et poursuit: « j’ai connu, Raymond Gebara quand j’étais jeune encore et que je présentais avec mon père Jean Claude Boulos, à Télé Liban dans les années 80 le programme « les Visiteurs du soir », Gebara fut notre invité un soir. Il est devenu ensuite directeur de la télé et a rendu hommage à mon père. A aucun moment je n’ai pu imaginer qu’un jour je serai, sur ce podium pour honorer ce grand dramaturge libanais »

Le théâtre Monnot est fier de présenter quatre pièces célèbres écrites et réalisée par Raymond Gebara et qui seront mises en scène par quatre noms bien connus et jouées au Monnot.

Du 28 février au 6 mars la pièce « Sous le patronage de Zaccour » mise en scène par Gabriel Yammine « qui fut à l’origine de cette initiative souligne Josyane et qui a poursuivi l’idée jusqu’ à sa réalisation ».

Du 10 au 17 mars la pièce « Pique-Nique sur les lignes de démarcation » mise en scène Julia Kassar. Du 20 au 27 mars la pièce : « Zaradacht est devenu chien » mise en scène Antoine el Achkar. Du 30 mars au 7 avril la pièce « un sacristain monte au ciel » mise en scène Refaat Torbay.

 

« Sous la direction de ces quatre metteurs en scène 30 acteurs de la faculté des arts de l’Université libanaise section 2, et d’autres acteurs connus, 15 techniciens toute l‘équipe du théâtre Monnot, tous ont travaillé avec un enthousiasme exceptionnel, pour transmettre le message de Raymond Gebara avec l’appui de nombreux sponsors » ajoute Josyane Boulos.

Gebara un homme de théâtre

En maître de cérémonie le grand acteur Refaat Torbay invite tout d’abord l’assistance à une minute de silence debout à la mémoire d’Antoine Moultaka le roi des planches qui vient de nous quitter.

Il aborde ensuite l’hommage à Raymond Gebara en évoquant son riche parcours: “Gebara a écrit treize pièces de théâtre, de multiples scènes théâtrales, des centaines d’articles de presse, d’émissions de radio, de télé, et du cinéma. Certes, il a été un acteur et un metteur en scène exceptionnel, mais pour moi il est avant tout un dramaturge et c’est en tant que tel qu’il mérite le titre « d’homme de théâtre », et je peux dire que son théâtre est du calibre international ».

 

Souheil Matar : Raymond l’homme des défis et des confrontations

Poète écrivain et peintre Souheil Matar, parle de Gebara dont il fut très proche avec des mots, qui vont droit au coeur « neufs années d’absence et pourtant je le vois tel quel, marchant lentement s’appuyant sur sa canne, la cigarette aux lèvres ou aux doigts, il sourit, il lance une pointe ironique, un blasphème une critique, et le rire et les larmes se conjuguent. Je le vois s’adressant à Josyane et aux quatre metteurs en scène leur disant « vous avez profité de mon absence ».

Matar décrit Raymond Gebara ; « fatiguant, tranchant, dérangeant, arrogant il ne s’est jamais mis dans les rangs, ne fut jamais un mouton de panurge et n’a jamais été attiré par les titres et les honneurs. Touché par le virus de la révolte, il est demeuré l’homme des défis et de la confrontation et ses plus grands défis étaient vis à vis de lui-même”.

Il ajoute: “Gebara était le maître d’une doctrine, d’une pensée existentielle humaine, cherchant le changement pour construire un nouveau pays, un nouveau Dieu, une nouvelle patrie, une nouvelle société, une nouvelle vie”.

 

Pour sa famille émotion et fierté

Le mot de la fin est revenu à la famille. Son fils Omar a exprimé son émotion et sa fierté face à une assistance si nombreuse faite de proches et d’amis et a remercié tous ceux qui ont contribué à réaliser ce mois. « Revivons tous ensemble dit-il nos souvenirs avec Abou Rim comme on l’appelait et qu’à travers ces quatre pièces on recommence à rire, pleurer, se révolter et rêver à nouveau avec ce monde créé par Raymond Gebara”

Allô Jeddo, enchaîne la petite, fille du dramaturge. « Je restais à ses côtés au balcon, je dessinais et il me disait qu’il aimait mes dessins. J’avais dix ans quand il nous a quitté et j’ai réalisé en grandissant que je ne connaissais pas bien mon grand-père. J’aurais tant voulu avoir l’opportunité de parler avec lui, de son vécu, des livres qu’il a lu, de ses écrits, et maintenant j’apprends à le connaître à travers son théâtre”.

 

Un trophée fut remis au nom de l’Université libanaise faculté des beaux-arts à la famille de Raymond Gebara en signe de reconnaissance de toute son œuvre.

La pièce « Sous le patronage de Zaccour » fut jouée ensuite dans une mise en scène originale de Gabriel Yammine et l’on a retrouvé le cynisme mordant de Gebara, ses critiques sociales, un souffle Shakespearean et son ironie.

 

Josyane Boulos : célébrer et préserver

En marge de la cérémonie intense et réussie, Josyane Boulos m’a confié sur ce qui l’a motivé à organiser cet hommage : « c’est ma conviction profonde que le travail de cet artiste mérite d’être célébré et préservé pour les générations futures. L’œuvre de Gebara a profondément marqué le paysage théâtral libanais et il était essentiel de lui rendre l’hommage qu’il mérite. De plus l’opportunité de collaborer avec des metteurs en scène de talent pour redonner vie à ces pièces emblématiques représente une occasion unique de mettre en lumière la richesse et la diversité du théâtre libanais. Passionnée d’art dramatique je suis animée par le désir de partager cet héritage culturel avec le public et de contribuer à perpétuer la mémoire et l’impact de Raymond Gebara dans le monde du théâtre”.

 

 

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