L’endroit est bondé, mais les retardataires sont vite accueillis : on déniche une chaise, on cède sa place, on se cale sur un divan… Le café n’est pas grand, mais il est tapissé de livres, de boîtes, d’objets hétéroclites. Dos au bar, juchés sur deux tabourets, le maître de céans, Peter Abdallah et l’invité de ce soir-là qui raconte, débonnaire, à propos de son dernier livre. L’ambiance est cool, les présents sont réellement intéressés, ils écoutent, interviennent, questionnent. On se souvient d’une anecdote, on la partage, on rigole. L’instigateur de cette réunion rappelle à l’ordre gentiment. La séance continue, avance.
Sont-ils tous amis ? Difficile. Il y a de tous les âges et semble-t-il de tous les milieux. Des intellectuels, des jeunes un peu hippies, des habitués. On sirote un verre, un Martini ou un thé. Derrière le comptoir le propriétaire s’affaire. Salue les gens. Se connaissent-ils tous ? Non. Puisqu’après le débat, on fait connaissance, certains se présentent ou introduisent d’autres. Personne n’est pressé de quitter. Et pour cause, le grand manitou de la réunion invite ceux qui le désirent à partager un repas. Le temps de le dire, les guéridons se rapprochent, des plats sont placés sur le bar et une vingtaine de personnes s’installent, continuent leur « soirée », en se servant au buffet (à 10 $) ou en faisant goûter le vin qu’ils ont apporté avec eux. Pas d’attitude monté-collé, pas de snobisme, pas d’éclats ou de verres qui trinquent bruyamment. Le moins qu’on puisse dire : une ambiance inhabituelle, simple et animée autour de la culture.
C’est donc ça un café citoyen ? C’est bougrement agréable, convivial, décontracté, on oserait même un « spontané ». Mais en fait, derrière ces rencontres autour d’un thème, à l’initiative de Peter Abdallah qui a importé le concept de France, un collectif a décidé de réunir les gens dans un endroit populaire pour débattre d’un sujet vivant. « Car tous les sujets sont intéressants, mais c’est l’humain qui fait le sujet, précise son fondateur. Pas de conférence, mais une expérience humaine que quelqu’un partage avec les autres. On y entre librement, sans obligation de consommer. Des curieux viennent avec des questions et en repartent avec d’autres. Une seule ligne rouge : pas de politique, ni de religion. L’idée m’est venue après la Covid, avec ce besoin de se réunir à nouveau. On a eu déjà quelques rencontres avec plusieurs thématiques dont : Tourisme rural (avec Pascal Abdallah), café (avec Moustapha Farouk), agriculture (avec Naji Amar), la famine au Liban (avec Youssef Mouawad), une rencontre à propos du bateau de recyclage qui a amarré au port de Beyrouth, une autre sur le cinéma (avec Bahig Hojeig), encore une autre sur l’étiquette et le protocole (avec Fadi Le Sidon) et dernièrement avec Tony Kabbabé sur les salles de cinéma. On se réunit dans certains cafés de la ville. Dorénavant nous nous retrouvons au « Hook ».
Il faut dire que les propriétaires de Hook (Furn el Chebbak) vibrent sur le même diapason en voulant ouvrir ce qu’on peut appeler un « café de voisinage » en 2017. Son gestionnaire actuel Toufic Moukarzel, un économiste détenteur d’un MBA en management veille à ce que les clients de l’endroit, viennent régulièrement manger le plat du jour (à 700.000 L.L.) ou profiter des diners à thème (chaque mardi, ambiance latino), participer au Quizz Nights, jouer aux jeux de sociétés disponibles… avec un accès disponible aux handicapés.
De quoi réjouir beaucoup de personnes dont une centaine de « fidèles » qui ont un groupe WhatsApp, qui s’évadent du quotidien, s’instruisent, partagent un repas, lisent un livre… Vivent leur humanité tout simplement.
infos: 71 828 445
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