Imaginez un archéologue au travail, accroupi, tout occupé à minutieusement dégager les pierres qui recouvrent une canalisation. La scène se passe au centre-ville de Beyrouth. Les dalles qui protègent la canalisation sont retirées l’une après l’autre, lorsque l’une d’entre elles, quasi rectangulaire (71 x 37cm) semble différente. L’archéologue la soulève puis, en la retournant, découvre ébahi qu’il s’agit d’un bas-relief sculpté. Le nettoyage qui suit révèle une sculpture en marbre blanc d’un personnage de la mythologie grecque aussitôt identifié comme Silène (ou Papposilène), satyre et père adoptif du dieu Dionysos. Bien connu pour son fort penchant pour le vin, il est souvent représenté comme un vieillard joufflu,  jovial et ivre. 

Dans ce bas-relief, il apparait allongé et dénudé, un drap couvrant négligemment la partie inférieure de son corps bien en chair. Étendu sur une peau de panthère, son animal fétiche, Papposilène dort profondément son bras gauche autour d’une outre à vin. Sa tête chauve, mais à la barbe bien fournie,  est couronnée de feuilles de lierre et retombe vers l’arrière reflétantl’état d’ébriété qui lui est familier. Sa main droite a disparu mais devait probablement tenir une coupe. Près de lui est posé son thyrse, bâton surmonté d’une pomme de pin, aujourd’huiégalement incomplet.  

De très belle facture, la sculpture faisait partie d’un monument,probablement d’une fontaine, d’époque romaine ou byzantineautrefois érigé à cet emplacement de Beyrouth. La figure de Papposilène en décorait une partie, à l’instar d’autres ornementations aujourd’hui disparues. Puis, dans un deuxième temps, le bas-relief a été réutilisé avec pour vocation cette fois-ci de recouvrir une canalisation.

Présenté pour la première fois lors de l’exposition Fascinationdu Liban au Musée Rath de Genève entre 2012 et 2013, le bas-relief au Papposilène est aujourd’hui exposé au rez-de-chaussée du musée national de Beyrouth.