Antoine Boulad, vous en êtes "l'animateur". Qu'est-ce à dire? Comment "anime"-t-on un tel projet?

Les textes qui figurent dans ce recueil sont les "fruits" du confinement de quatorze personnes - 12 femmes et 2 hommes, de 21 à 69 ans - dont certaines ont déjà publié, tandis que d'autres franchissent le pas pour la première fois. J'ai proposé aux écrivants qui participent à mes ateliers d'écriture mais aussi aux membres de l'association Kitabat qui développe ces ateliers au Liban, de relater par WhatsApp le quotidien de leur enfermement, expérience paradoxalement planétaire, le virus ayant forcé la moitié des Terriens à rester chez eux.

Qu'est-ce qu'un atelier d'écriture?

C'est une structure qui ne considère pas que seul Flaubert a droit de cité au Panthéon de la littérature mais qu'un écrivain sommeille en chacun d'entre nous... 

Un animateur formule une proposition d'écriture à partir d'un texte d'auteur.  Un temps est accordé. On retrousse ses manches. On laboure. Puis, on partage avec le groupe qui écoute avec bienveillance. L'animateur fait des retours. On échange. 

L'atelier est dans l'histoire de la littérature occidentale, la forme la plus courte entre la plume d'un écrivant et l'oreille d'un lec-teur/trice.

En quoi cette expérience est importante?

Sans aller jusqu'à l'aspect thérapeutique, les participants disent tous les bienfaits que le liant de l'écriture a apporté à leur confinement. Sur un plan plus global, ce livre contribue à placer notre pays sur la carte culturelle du monde. Il signifie que le Liban en faillite politique ne l'est pas par la résistance humaine, la résilience et la créativité de ses hommes et de ses femmes.

‘Fruits Confits’ avec en sous-titre Journal de confinement, à Beyrouth, avril 2020, est disponible en librairie.