Comment vous est venue l'idée de lancer un concours de poésie ?
Tout le monde sait que la double crise sanitaire et économique qui secoue actuellement le Liban a mis à rude épreuve de nombreux secteurs essentiels de la vie du pays. Deux de ces victimes collatérales sont l’éducation et la culture, qui subissent de plein fouet les confinements à répétition, la crise des liquidités et la fuite des cerveaux. Lorsque l’idée d’un concours de poésie visant le secteur éducatif a été suggérée par Alexandre Najjar, co-organisateur du concours, écrivain et directeur de l’Orient littéraire, il m’a semblé, en tant que directeur délégué de l’Institut français du Liban à Tripoli, que c’était là l’occasion d’impulser pour de nombreux libanais francophones de cette circonscription un brin de vitalité nécessaire au milieu de la tempête.
Mais ce concours, c’est aussi l’occasion de fêter l’anniversaire du bicentenaire de la naissance de Charles Baudelaire (le 9 avril 1821) : à travers la figure de ce monument de la poésie française, rêveur autoproclamé, poète maudit, constamment en quête d’harmonie et d’Idéal, c’est un appel que nous envoyons aux établissements, aux écoliers, aux étudiants, un appel qui a pour but de les inciter à continuer à créer, à imaginer, à produire du beau, à avoir foi en leurs convictions, même dans les temps les plus troubles.
A qui s’adresse ce concours et quelles en sont les modalités ?
Ce concours s’adresse à tout individu inscrit dans le circuit éducatif du Liban-Nord, c’est-à-dire de Jbeil jusqu’au Akkar, depuis le premier degré du scolaire jusqu’à l'université. Le thème est libre, la forme d’écriture aussi : il suffit d’avoir envie de s’exprimer. Il y aura trois lauréats, dans trois catégories : moins de 12 ans ; de 12 à 18 ans ; plus de 18 ans. Les poèmes doivent être envoyés avant le 25 février par mail à l’adresse suivante : tripoli@if-liban.com. Les textes seront ensuite soumis à un jury formé par l’Orient littéraire.
Quels sont les prix à gagner ?
Les trois meilleurs poètes (Premier, 2e et 3e prix) dans chacune des 3 catégories recevront dans l’ordre : 1 million de LL, 750.000 LL et 500.000 LL ainsi que des lots de livres et un abonnement d’un an à la médiathèque offert par l’Institut français du Liban à Tripoli.
De plus, l’Orient littéraire publiera les trois premiers prix dans son édition spéciale consacrée à Baudelaire en avril 2021. Enfin, l’Institut français du Liban organisera une lecture des trois lauréats au cours d’un événement public dans le cadre du mois de la francophonie 2021.
Pourquoi avoir choisi 3 catégories d’âge ?
Pour toucher et stimuler un éventail le plus large possible de la jeunesse francophone du Liban-Nord. Il faut savoir que, sur le plan scolaire, le nord et le Akkar sont les deux régions les plus francophones du Liban. En effet, dans cette zone géographique, 83% de la population scolaire étudie dans des filières francophones. Rien que dans le Akkar, on ne compte pas moins de 90% d’élèves francophones (public et privé confondus). En proposant trois catégories d’âge, nous espérons donc donner la chance à cette tranche importante de la francophonie libanaise de briller et de faire porter sa voix, tout en lui transmettant ce message : la grande famille de la francophonie libanaise ne vous oublie pas.
A votre avis, dans quel état se porte la francophonie dans la région du Liban Nord ?
Je peux vous assurer que, malgré toutes les difficultés que cette région a pu connaître ces vingt dernières années (conflits, isolements, montée de l’anglais), la langue française demeure profondément ancrée dans les pratiques éducatives et culturelles. Il y a un véritable vivier bien enraciné de gens qui parlent français en seconde langue et qui se battent pour conserver cette identité. Dans la région, on recense par exemple 7 établissements titulaires du Certificat Elémentaire de Langue Française (CELF), plus 5 qui sont actuellement en cours d’obtention, ainsi que 5 établissements accrédités du LabelFrancEducation (LFE).
Par ailleurs, rien qu’à Tripoli, dans le secteur privé, il existe 23 écoles exclusivement francophones et 20 écoles à double filière, alors qu’il n’existe qu’une seule école exclusivement anglophone. Dans le secteur public, le chiffre est encore plus éloquent : on ne compte pas moins de 95 écoles francophones ! C’est presque la totalité des établissements officiels de la capitale du Liban-Nord...
Le problème, c’est que cette francophonie scolaire ne trouve pas forcément de résonance dans l’environnement direct des jeunes : le français reste une langue d’étude et demeure dans les murs de l’école ou de l’université. D’où la nécessité de proposer ce genre de concours et d’activités culturelles francophones au sein de cette région, afin que cette nouvelle génération puisse maintenir la richesse de cette identité plurielle qu’est le multilinguisme libanais.
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