Le plus important se résume à sauvegarder sa peau, sa santé, sa vie. Soudain la vie se définit autrement. Il ne s’agit plus de réaliser, d’acquérir, de faire… mais d’être sain. Tiens, on n’employait plus ce mot.
Soudain les concerts gigantesques deviennent dangereux, les réunions plénipotentiaires inutiles, les vols dans toutes les directions superflus… Mais alors que le monde se calme, l’économie vacillante s’inquiète. La croissance et son valeureux indice s’essouffle. Les bourses piquent du nez. Les investisseurs dépriment. La crise fait mal au système établi, ravageur et implacable. Et cette « démondialisation » forcée ne fait plaisir qu’à ceux qui, depuis quelques années déjà, la réclament en place et lieu des plantes, des lacs, des rivières, des océans, des falaises, des babouins, des indigènes, des inondés, des desséchés, des affamés, des déplacés…
Avec la féroce boule aux picots rouges, on réapprend les bonnes manières : ne pas renifler, tousser dans son coude, se moucher discrètement, se retenir de cracher, se laver les mains. On prend conscience de l’autre. Il existe, bel et bien. On le considère.
Comme par magie, nous redevons des personnes à part entières et pas des robots, des exécutants, des mechanical turks au service de on ne sait plus qui. Nous retrouvons cette part d’humain perdue sur les marchés financiers, les bilans des entreprises, les magouilles des profiteurs et tous ces bullshit jobs qui nous coupent de notre réalité de simples individus issus d’une terre à laquelle forcément ils vont retourner…
On relativise tout : les problèmes, les chamailles, les prises de positions, les entêtements, les problèmes financiers… Tout au plus cela nous énerve, nous agace, nous irrite… Mais jamais rien ne nous fait aussi peur que cette épidémie galopante. Auparavant si volubile, si versatile, on devient précautionneux, attentif, observateur, à la limite contemplatif.
En fait, le monde tel qu’il va pourrait-il profiter de cette mondiale et unique leçon de vie pour faire le saut salvateur tant attendu ? Se rendre compte que nous sommes tous égaux en tout et pas seulement face à une pandémie ? Que nous avons le devoir de nous entraider et pas seulement pour ne pas répandre ce Covid 19 de la peur ? Va-t-il réaliser qu’il n’y a plus que le ciel qui peut nous tomber sur la tête après avoir tout saccagé sur la Terre ? Les images satellites de la Chine avant et après le virus Corona vont-elles le faire réfléchir sur l’enjeu de la production illimitée, de l’extraction sauvage des ressources, de la consommation déchaînée pour faire tourner la machine ? Allons-nous profiter de cette pause pour réfléchir tous et chacun au but ultime de cette course effrénée, profiter de la menace d’une épidémie qui provoque en nous cette panique incontrôlable pour réaliser notre vulnérabilité extrême, pour faire un retour sur soi, retrouver les valeurs essentielles et arrêter cette dégringolade suicidaire ?
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