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En tête-à-tête avec Ieva Saudargaite Douaihi

11/07/2023|Camilla Mina

 

« Voir les belles choses dans un paysage presque apocalyptique, c’est thérapeutique. »

 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ? 

Je suis une artiste et je réside au Liban depuis 16 ans maintenant, ou j’ai également étudié l’architecture. Mon parcours a connu différentes phases, j’ai travaillé pendant un peu de temps dans un cabinet d’architecture mais l’expérience ne fut pas concluante, ce qui m’a poussé vers un chemin plus créatif. Par ailleurs, j’ai toujours été frustrée par la scène artistique à Beyrouth. D’un côté il y a les institutions et les musées, où il est parfois difficile pour un jeune artiste de pouvoir exposer son art et accéder à ce monde. C’est un parcours compliqué et il faut beaucoup de temps, parfois même des années. Et puis de l’autre côté il y a les galeries commerciales, qui ont la plupart tendance à se focaliser uniquement sur la peinture, alors j’avais l’impression qu’il manquait un entre-deux (…) ce qui, il y a quelques mois, m’a mené dans cet espace ‘Takeover’. » 

 

Pourquoi ‘Takeover’ ? 

Takeover est un verbe, une action qui invite les autres à ‘Takeover’ et devenir des agents du changement. En fait, je voulais voir davantage d’interventions et de variété artistique. Je veux inspirer les autres à créer quelque chose de plus grand, tous ensemble. Pour moi, ‘Takeover’ est avant tout un espace de partage et de dialogue. Quand j’ai trouvé ce lieu, je n’avais pas de plans spécifiques sur comment l’aménager. Je voulais faire un ‘pop-up event’ pour cette autre plateforme que j’ai créée, appelée ‘Digital fountain’. Puis j’ai réalisé que je pouvais faire quelque chose de différent. J’ai invité mes amis à venir présenter leur travail. C’est souvent en agissant qu’on arrive à un résultat, sans forcément avoir un plan initial précis.

 

Cet espace est devenu ce qu’il est aujourd’hui : un lieu d’expositions artistiques, parfois même de performances. Il peut s’agir de travaux en cours ou, d’autres fois, de créations terminées. Les gens viennent ici, les artistes présentent leurs idées et leur travail. Je dirais que le but principal est d’offrir l’opportunité d’expérimenter librement, et surtout de pousser et penser les limites de la scénographie de l’espace, afin de permettre une réflexion nouvelle voire différente sur la manière d’exposer et présenter un travail. L’idée est de partager cet espace, de partager les ressources disponibles. Je crois que c’est une expérience très enrichissante pour les artistes qui viennent installer leur travail ici. 

 

Qu’est-ce que ‘Digital fountain’ ? 

‘Digitalfountain’ est un site qui regroupe une cinquantaine d’artistes libanais. Il offre également la possibilité d’acheter des tirages des photographies disponibles sur le site. Auparavant, notre approche se limitait principalement à être une vitrine pour la vente de photos. Cependant, nous cherchons désormais à nous éloigner de cette approche traditionnelle et à explorer de nouvelles façons de créer collectivement tout en augmentant la visibilité des artistes. Notre première initiative dans cette direction sera la création d’un zine*

 

Quels thèmes aimez-vous explorer dans votre travail ? 

Avec mon background en architecture, je suis principalement intéressée par les environnements construits, les villes et les effets que ces constructions ont sur les paysages, la nature, les animaux et les plantes. Initialement, je voulais me concentrer uniquement sur la photographie, puis je me suis demandé pourquoi me limiter ? J’ai donc commencé à m’intéresser à différents médias, dont la vidéo, les installations et même Instagram comme medium.

 

Cela vous arrive-t-il souvent de collaborer avec d’autres artistes ?

Normalement, la photographie est plutôt une activité solitaire, mais je fais partie d’un collectif de photographes au Liban appelé ‘Collectif 1200’ depuis près de 3 ans. Nous n’avons pas encore développé un projet commun à tous, ceci est en cours. En attendant, notre démarche actuelle consiste principalement à nous rencontrer, discuter et nous inspirer mutuellement. Dans les prochains jours à ‘Takeover’, on sera trois artistes à travailler ici pendant un mois. L’idée c’est de voir comment ça se déroule et de créer une synergie. Lorsqu’on travaille tout seul, il est parfois facile de douter de soi, mais si quelqu’un nous motive, ça nous pousse à travailler. 

 

Vous êtes Libanaise et Lituanienne, vous avez aussi vécu un peu partout dans le monde, est ce que vous avez l’impression que cela influence votre travail en tant qu’artiste ?

Oui, j’oscille entre ces deux pays, et cela fait partie de moi, de qui je suis. Lorsqu’on se déplace d’un endroit à un autre, il faut apprendre à s’adapter, et j’y arrive à travers la créativité. J’adore cette sensation de nouveauté, de devoir m’adapter à de nouvelles cultures, paysages et environnements. C’est une aventure. Personnellement, je n’avais jamais planifié ou anticipé tout ça, mais aujourd’hui je réalise que c’est pour le mieux. Puis le fait de venir de Lituanie, qui à l’époque de mon enfance était un endroit très différent, marqué par la crise et beaucoup de crimes, ça m’a aussi impactée. La ville en elle-même était très grise, mais il y avait l’aspect de la nature, avec beaucoup d’arbres. Ce contraste est frappant et je retrouve cette dualité en vivant ici. 

 

A savoir

‘Takeover’, Ieva Saudargaite Douaihi

Rue Abdel Wahab El Inglizi (depuis quelques jours, ‘Takeover’ se situe dans un nouveau bâtiment, toujours dans la même rue qu’auparavant)

Instagram: @ieva.saudargaite ; @Takeover.beirut

Site web : www.takeoverbeirut.com ; www.ievasaudargaite.com

Contact : ieva@ievasaudargaite.com

 

*"Un zine est une œuvre auto-publiée à faible tirage composée de textes et d'images originaux ou appropriés, généralement reproduits via une photocopieuse. Les zines sont le produit d'une seule personne ou d'un très petit groupe, et sont généralement photocopiés en impressions physiques pour la circulation”

 

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