“Quand je me suis retrouvé à l’hôpital St George après l’explosion, j’y ai trouvé une infirmière, ensanglantée, qui, paniquée, m’a demandé, à moi, ce qu’elle devait faire. Comme si elle avait perdu conscience, le temps d’une minute. Une autre de ses collègues me suivait dans les bâtiments, m’empêchant de faire des photographies. Tous les employés de l’hôpital étaient sonnés. Et, au milieu de ce chaos, cette infirmière, qui contrastait tellement avec le reste, dédiait toute sa personne à ces trois bébés prématurés. Ce qui est frappant dans cette image, c’est le contraste entre la photographie et ce qui l’entoure : des morts, des blessés, des infirmières en sang, etc. 

Sur la photo, on la voit au téléphone. Je me suis demandé qui elle appelait, et si la ligne fonctionnait. Quand je l’ai recontacté, j’ai appris qu’elle avait essayé de joindre sa mère, sans succès. Et pourtant, sans information de sa propre famille, Pamela a tenu à sauver ces bébés. Pour cela, elle est d’abord allée à l’hôpital Geitawi, à 5km de là où elle se trouvait, mais la situation y était aussi anarchique qu’à St George. Alors, elle les a laissé à l’hôpital Abou Jaoudé, en sécurité. 

L’agence de presse chinoise Xinhua, pour laquelle je travaille, a publié la photo le jour même. Je l’ai également posté sur mes réseaux sociaux. Le monde entier l’a vu. Et moi, ce que j’ai vu ce jour-là, dans cet hôpital, c’est plus douloureux et plus marquant que tout ce à quoi j’ai pu être témoin durant la couverture des conflits ou des guerres pour lesquels j’ai été reporter.”

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